Un environnement de travail toxique dans un département au service du bien-être. Jay Blahnik, le créateur de la fonctionnalité Fitness sur les montres connectées Apple Watch – ce qui a contribué à leur succès – est accusé de violences verbales, comportements inappropriés et manipulations par neuf actuels ou anciens de ses employés, a révélé le New York Times jeudi 21 août.
Arrivé en 2013 au sein du géant de la tech après avoir quitté Nike, Jay Blahnik, aujourd’hui âgé de 57 ans, est à la tête d’une équipe composée d’une centaine de personnes, en tant que vice-président des technologies de fitness. Depuis trois ans, 10 % de ses effectifs ont demandé des congés prolongés «pour raisons de santé mentales ou médicales», indique le journal. En cause : le comportement supposé du patron, notamment lors de réunions.
Portrait
Ce dernier aurait par exemple grivoisement sous-entendu que la femme d’un de ses collègues entretenait une liaison avec un autre homme, en évoquant la couleur des cheveux de leur enfant. En 2021, lors de réunions en vue d’une collaboration avec le skieur américain Ted Ligety, le cadre d’Apple aurait aussi «plaisanté avec ses collègues en racontant qu’il couchait avec le skieur», et «évoqué les fesses et les seins des personnes qui filmaient les séances d’entraînement».
Selon d’autres témoignages, Jay Blahnik «lorgnait le directeur artistique du groupe, Wil Tidman», allant jusqu’à lui envoyer, à l’été 2022, un message tardif perçu comme inapproprié.
Selon le journal américain, après une enquête interne, Apple a été confronté au sujet de l’attitude de leur responsable et a «pris des mesures pour le protéger». D’après les représentants de l’entreprise, les investigations n’ont fait ressortir aucune conduite répréhensible. La marque à la pomme souligne par ailleurs que les commentaires adressés à l’une des salariées, Mandana Mofidi, lors de son passage dans l’entreprise étaient constructifs au regard de «problèmes de performance non résolus».
Un porte-parole d’Apple interrogé par le New York Times a répondu que les accusations «comporte [nt] de nombreuses affirmations inexactes et déformations», et a souligné que l’entreprise est «profondément engagée à créer et à maintenir un environnement de travail positif et inclusif».
«Au final, on ne compte pas»
D’après les salariés, Apple privilégierait sa star plutôt que de prendre en considération la santé de ses employés. «Au final, on ne compte pas», a déclaré l’ancienne coordinatrice des médias sociaux de l’équipe de Blahnik. Après un congé pour raisons de santé mentale, elle a également quitté l’entreprise en arguant n’avoir jamais travaillé dans un environnement «aussi toxique».
Côté judiciaire, l’ancien directeur artistique, Wil Tidman, qui s’était dans un premier temps plaint de harcèlement avant de quitter la boîte, a trouvé un accord financier évitant un procès pour Apple. Mais la firme pourrait tout de même être jugée en 2027, en ce qui concerne le sort de Mandana Mofidi, qui a démissionné après un congé pour anxiété et dépression.