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Liberté de la presse

Un journaliste tué tous les quatre jours dans le monde : des crimes largement impunis, dénonce l’Unesco

Selon l’agence onusienne, 162 journalistes ont été tués en 2022 et en 2023, principalement dans des pays en conflit, pointe un rapport publié ce samedi 2 novembre. Dans la majorité des cas, ces crimes ne sont pas élucidés.
Des personnes manifestent devant le ministère de l'Intérieur mexicain avec des photos de journalistes assassinés, le 10 juillet 2023, Mexique. (Jair Cabrera Torres/DP.ABACA)
publié le 2 novembre 2024 à 14h52

Dans de nombreux pays, informer tue. La très grande majorité des meurtres de journalistes reste impunie dans le monde, souligne ce samedi 2 novembre l’Unesco dans un rapport, à l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour ces crimes. «En 2022 et 2023, un journaliste a été tué tous les quatre jours simplement pour avoir fait son travail essentiel de quête de la vérité. Dans la majorité des cas, personne ne sera jamais tenu responsable de ces meurtres», a déclaré la directrice générale de l’organisation onusienne, Audrey Azoulay.

De fait, 85 % des meurtres de journalistes recensés par l’Unesco depuis 2006 sont considérés comme non élucidés. Face à ce «taux d’impunité» très élevé, l’organisation appelle les Etats à «accroître considérablement leurs efforts».

Mexique, Ukraine, Palestine

Dans le détail, 162 journalistes ont été tués en 2022 et 2023, près de la moitié d’entre eux exerçant dans des pays en proie à des conflits armés. En 2022, le pays qui a comptabilisé le plus grand nombre de crimes est le Mexique, avec 19 cas. Juste avant l’Ukraine où l’assassinat de 11 journalistes a été recensé cette année-là. En 2023, «c’est dans l’État de Palestine que l’on a enregistré le plus grand nombre de meurtres : 24 journalistes y ont été tués», pointe le rapport. Ce territoire en proie à un conflit sans fin a été admis comme membre à part entière de l’Unesco en 2011. Le rapport relève d’ailleurs une «hausse du nombre de meurtres dans les pays en conflit». Les journalistes locaux «ont représenté 86 % des meurtres liés à la couverture de conflits», estime l’Unesco.

Par ailleurs, l’organisation précise que «les journalistes continuent d’être tués chez eux ou à proximité de leur domicile, ce qui expose leurs familles à de grands risques». Dans les autres zones géographiques, la plupart des journalistes tués couvraient «le crime organisé, la corruption» ou ont été tués «lors de reportages sur des manifestations», ajoute l’Unesco.

Plus que les années précédentes, les femmes journalistes ont été particulièrement ciblées par ces meurtres en 2022. L’organisation a comptabilisé dix meurtres de femmes journalistes au cours de cette seule année. Parmi les victimes, la journaliste mexicaine Maria Guadalupe Lourdes Maldonado López, abattue par arme à feu à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Ou encore la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée lors d’un raid israélien, alors qu’elle couvrait des affrontements en Cisjordanie occupée.