Il n’en pouvait plus de voir les coups de tournevis et de barres de fer infligés aux truies, les porcelets jugés indésirables «claqués» contre le béton, les animaux malades agonisant sur place ou abattus sommairement. Il ne voulait plus entendre les cris de douleur des truies à qui on coupe à vif les dents à l’aide de tenailles, ni ceux des porcelets lorsqu’on les castre ou qu’on leur coupe la queue. Alors il a pris son portable, photographié, filmé, et tout transmis à L214. Et, fait rare, il a choisi de témoigner à visage découvert.
Grégory Boutron, 37 ans, père de deux enfants, a été embauché à la porcherie des Tremblats, à Annay-sur-Serein, dans l’Yonne, en février 2019. Il y restera plus de deux ans. «J’ai trouvé ce boulot payé au smic sur Le Bon Coin», raconte-t-il.
Cette porcherie compte environ 1 800 truies. Chaque mercredi, entre 800 et 1 000 porcelets quittent l’élevage pour être engraissés ailleurs. «Moi je devais m’occuper des truies en gestation, de leur insémination, de leur nourriture. Un boulot dur physiquement, mais aussi à cause des odeurs.»
Cauchemars et perte d’appétit
Maçon de formation, Grégory Boutron ignore tout du travail dans un élevage. Mais il se «débrouille». Du moins jusqu’au départ à la retraite du responsable de cette porcherie : «C’est ensuite que mon responsable s’est mis à maltraiter les truies. Il leur donnait des coups qui les faisaient saigner ou leur envoyait des déc