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Libération
Drame

Un nourrisson est mort lors d’un naufrage d’une embarcation de migrants au large du Pas-de-Calais

Si 65 personnes embarquées pour une traversée de la Manche pour l’Angleterre entamée depuis Wissant (Pas-de-Calais) ont survécu, jeudi 18 octobre, un nourrisson a été retrouvé mort, a annoncé le lendemain la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Le long du littoral du Pas-de-Calais, entre Boulogne-sur-Mer et Calais, les plages sont les lieux de départ les plus fréquents pour tenter la traversée de la Manche par les migrants. (Charles Bury/Hans Lucas)
publié le 18 octobre 2024 à 9h35
(mis à jour le 18 octobre 2024 à 15h06)

Voguant sur les eaux de la Manche pour tenter de rejoindre l’Angleterre, ils étaient plus d’une soixantaine d’exilés entassés sur une embarcation de fortune jeudi soir lorsque le naufrage a eu lieu au large de Wissant, dans le Pas-de-Calais. Lors d’une opération pour récupérer les migrants tombés à l’eau, «soixante-cinq personnes [ont alors pu être] récupérées saines et sauves», mais «après recherche», un nourrisson «a été retrouvé inconscient à l’eau et malheureusement déclaré décédé», annonce la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord ce vendredi matin.

La préfecture maritime précise, dans un communiqué, que plusieurs embarcations de migrants en difficulté avaient par ailleurs été signalées au centre régional opérationnel et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez jeudi 17 octobre. Au total, 132 personnes ont été secourues : d’abord 58 dans une première embarcation, qui ont ensuite été déposées à Dunkerque ; puis 74 qui ont été déposées à Calais.

52 morts dans des tentatives de traversée en 2024

«Ce secteur maritime est une des zones les plus fréquentées au monde, avec plus de 600 navires de commerce qui y transitent par jour et les conditions météorologiques y sont souvent difficiles [120 jours de vent supérieur ou égal à force 7 en moyenne annuelle par exemple], c’est donc un secteur particulièrement dangereux, y compris quand la mer semble belle», fait également savoir la préfecture. les traversées ont le plus souvent lieu sur des canots surchargés, à bord desquels peu de passagers disposent de gilets de sauvetage.

Ce décès porte à au moins 52 le nombre de personnes mortes dans des tentatives de traversée en 2024, un record depuis le début en 2018 du phénomène des «small boats», ces embarcations de fortune utilisées par les migrants pour tenter de rejoindre l’Angleterre. Parmi ces victimes figurent régulièrement des enfants. Le 3 septembre, la moitié des douze victimes du pire naufrage de l’année, qui a fait douze morts, étaient mineures. Le 5 octobre, un enfant de deux ans est mort écrasé dans une embarcation transportant près de 90 personnes et tombée en panne de moteur.

Réagissant à la nouvelle, l’association Utopia 56 a chiffré à « soixante le nombre de décès à cette frontière pour l’année 2024 [...] alors que la France et l’Angleterre sur l’augmentation des moyens mis dans la lutte contre ces traversées ». L’association d’aide aux migrants a également fustigé l’attitude du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui récemment écrivait que «ces décès étaient la “conséquence néfaste d’une politique efficace”». Des propos démontrant «une volonté politique qui légitime les violences d’Etat et l’abandon du drame humain qui se joue à la frontière», selon Utopia 56.

Les embarcations arrivées sur les côtes britanniques depuis le 1er janvier comptent en moyenne 53 passagers chacune, contre seulement 13 en 2020, selon les chiffres officiels des autorités britanniques. Toujours selon celles-ci, depuis le début de l’année, plus de 26 000 migrants sont arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche.

Mise à jour à 15 heures avec la réaction d’Utopia 56.