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A Grigny, après les révoltes urbaines de 2023 : «Dans les cités, les mères ont une compétence sociale irremplaçable»

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Trois mères qui ont fait une enquête de terrain auprès d’autres mères, un étudiant et un anthropologue font remonter ce que pensent certains parents des cités, entre peur des «influences extérieures» et solutions pour les «remettre dans le droit chemin».
A Grigny, dans l'Essonne, le 12 décembre. (Ava du Parc)
publié le 28 décembre 2024 à 14h26

Josiane, 42 ans, trois enfants. «Une mère m’a dit : “Mon enfant peut être tranquille à la maison, mais il peut être une autre personne dehors.” Le dehors, ce sont l’école et le quartier. Ce qu’il se passe à l’école, les parents ne le savent pas, ils l’apprennent par le carnet de correspondance ou par d’autres parents. Mais ils sont plus rassurés de savoir les jeunes à l’école que dans le quartier. Certains racontent : “Parfois, les enfants suivent les mouvements de leurs camarades, ils voient leurs camarades aller voler quelque part et les suivent.” Les parents font tout pour donner une meilleure éducation à leurs enfants, ils leurs enseignent des valeurs et comportements appropriés mais, très souvent, les influences extérieures et négatives l’emportent. Et puis, comme l’a souligné une mère, même si nous ne sommes pas tout à fait d’accord avec elle : “Vous savez, on éduque nos enfants du mieux qu’on peut, mais à un moment donné, ce sont eux qui font leurs choix.” Parmi les propositions des mères rencontrées : faire intervenir les anciens de la cité qui s’en sont sortis, pour qu’ils discutent avec les enfants et les remettent sur le droit chemin. Elles veulent aussi que l’éducation des enfants de cités soit l’affaire de tous pour qu’ils ne soient pas des laissés-pour-compte, des parias.»

Akila, 42 ans, trois enfants. «Très vite a été posé le sujet des fréquentations. Le risque que leurs enfants, une fois adolescents, basc