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Récompense

Architecture : le prix Pritzker décerné à Riken Yamamoto, «militant social» de la «poésie et de la joie»

Le Japonais, dont la majorité des travaux et ensembles architecturaux se trouvent dans son pays, a reçu ce mardi la plus haute distinction mondiale de sa discipline.
L'architecte japonais Riken Yamamoto, devant une maquette de son œuvre The Circle, à Zurich, en 2016. (Kyodo News Stills/Getty Images)
publié le 5 mars 2024 à 17h59

Le prix Pritzker, plus haute distinction mondiale de l’architecture, a été décerné ce mardi 5 mars au Japonais Riken Yamamoto, réputé pour son travail combinant l’architecture et des préoccupations d’ordre social, selon l’organisation établie à Chicago. «Riken Yamamoto, architecte et militant social» œuvre à «des sociétés harmonieuses en dépit de la diversité des identités, des économies, des politiques, des infrastructures et des logements», ont salué dans un communiqué les organisateurs du prix Pritzker souvent comparé au «prix Nobel» de l’architecture.

«Pour moi, reconnaître [l’existence d’un] espace est une reconnaissance de toute une communauté», a déclaré dans le communiqué le lauréat, né en 1945 à Pékin, mais qui avait émigré à Yokohama, au Japon, après la Seconde Guerre mondiale. «L’approche actuelle de l’architecture met l’accent sur la vie privée en niant la nécessité des relations sociales. Nous pouvons pourtant continuer de respecter la liberté de chaque individu tout en vivant ensemble dans un espace architectural, comme une République qui forge de l’harmonie entre les cultures et les étapes de la vie», a plaidé Yamamoto, cité par les organisateurs du prix Pritzker.

Riken Yamamoto a été choisi «d’abord parce qu’il nous rappelle qu’en matière d’architecture, comme en démocratie, les espaces doivent être créés par la détermination des populations», a jugé le jury de la prestigieuse récompense. Il ajoute : «Son architecture exprime clairement ses convictions à travers la structure modulaire et la simplicité de sa forme. Pourtant, il ne dicte pas les activités, mais permet plutôt aux gens de façonner leur propre vie au sein de ses bâtiments avec élégance, normalité, poésie et joie.»

«Son architecture exprime clairement sa foi dans les structures modulaires et la simplicité de ses formes. Elle ne dicte rien mais permet aux gens de façonner leur vie dans des ensembles immobiliers avec élégance, normalité, poésie et joie», ont encore fait valoir les jurés. La majorité des travaux et ensembles architecturaux de Yamamoto se trouvent au Japon. Mais il a également réalisé en 2004 neuf tours résidentielles et des bureaux près de la place Tiananmen à Pékin ou, en 2020, un quartier en face de l’aéroport de Zurich, en Suisse.

Riken Yamamoto succède au Britannique David Chipperfield qui avait été couronné en 2023 après l’architecte burkinabè Diébédo Francis Kéré, premier représentant d’un pays africain à recevoir la prestigieuse récompense. «Pour une raison quelconque, nous sommes éduqués à accepter qu’un architecte doive être bon et arrogant, ce qui nous amène à croire à tort que l’arrogance est une condition de la bonté, a écrit Graham McKay, architecte et professeur, dans son blog Misfits’Architecture en 2021, et cité par le New York Times. J’aimerais utiliser Riken Yamamoto et sa carrière pour illustrer que ce n’est pas vrai.»