Lors du premier confinement, quand Benoît Gallot en a vu pour la première fois dans les allées du Père-Lachaise, le monde avait besoin de renardeaux, et lui aussi. Au milieu d’une période «extrêmement lourde et dure à vivre», où les inhumations et les crémations s’enchaînaient derrière les grilles fermées, le conservateur du lieu a sorti son appareil photo du placard, offrant au pays confiné un petit peu d’espoir : celui d’une biodiversité revigorée, du retour d’un peu de vie sauvage dans la grande ville, bref autre chose que nos quatre murs et la vaisselle trois fois par jour. On suit depuis fidèlement les aventures animales de la nécropole sur son compte Instagram, fouines, perruches ou chats en veux-tu en voilà ; renards et corneilles des fables prenant vie près de la tombe de La Fontaine. Des belles bestioles partagées dans un but : «Montrer qu’il y a aussi de la vie dans le cimetière.»
Le maître des lieux reçoit en son royaume, qui est aussi son jardin puisqu’il habite un appartement à l’étage du bâtiment de la conservation à l’intérieur des murs, près de l’entrée Sud du cimetière – ce qui, avec les 43 hectares du lieu, en fait probablement l’un des Parisiens les mieux logés de la capitale. Le costume sombre et la mine sérieuse lui donnent un petit air de croque-mort mais la douceur pointe quand il ouvre la bouche, avec la voix basse, posée, de celui qui a l’habitude de parle