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Canicule : la ville de Paris table sur son «plan grand chaud» pour mieux aider les personnes sans-abri

La capitale entend tester, cet été, un ensemble de mesures à destination des personnes sans domicile, qui sont «particulièrement vulnérables aux effets de la chaleur».
«Le dispositif s’intègre au plan canicule. Il est déclenché quand la préfecture d’Ile-de-France passe l’alerte au niveau 2», explique Dan Lert, adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique et du plan climat. (Lionel Bonaventure/AFP)
publié le 29 juin 2025 à 6h00

Dans la rue, la canicule tue autant que le gel. Alors, pour venir en aide aux personnes sans-abri lors des épisodes de fortes chaleurs qui se répètent en raison du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines, la mairie de Paris planche sur un «plan grand chaud», calqué sur le «plan grand froid». Plusieurs dispositifs présentés en novembre 2024 dans le cadre plan climat 2024-2030, vont être expérimentés cet été dans le centre de la capitale. «Nous sommes volontaristes sur le sujet. Beaucoup de personnes sans-abri se trouvent dans Paris Centre», issu de la fusion des quatre premiers arrondissements, développe auprès de Libération Dan Lert, adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique et du plan climat.

Pour la ville de Paris, ce plan est «un dispositif de détection, prévention et réduction des effets sanitaires des épisodes de canicules» destiné à «protéger les sans-abri, particulièrement vulnérables aux effets de la chaleur». En janvier, 3 507 d’entre eux ont été décomptées dans la capitale, lors de la dernière édition de la Nuit de la solidarité.

La municipalité de gauche est dans les starting-blocks. «Le dispositif s’intègre au plan canicule. Il est déclenché quand la préfecture d’Ile-de-France passe l’alerte au niveau 2», nous dit encore l’élu. Un seuil qui pourrait être franchi dans les jours à venir au vu des prévisions météorologiques. Dès dimanche, Météo France anticipe des températures dépassant les 35 °C en Ile-de-France. Et le mercure risque de grimper encore plus les jours suivant.

Concrètement, l’expérimentation parisienne prévoit une augmentation du nombre de maraudes des associations à destination des personnes à la rue pour leur apporter des gourdes, mais aussi des vêtements adaptés à la chaleur, notamment des chaussures plus légères. L’idée est également de les informer de l’existence de dispositifs accessibles à tous dans la capitale afin de mieux supporter la chaleur : des fontaines ou autres brumisateurs installés dans la rue, aux services publics climatisés ouverts à tous, en passant par des parcs maintenus ouverts jusqu’à minuit. «Il y a 1 400 lieux refuges en tout dans la ville», chiffre Dan Lert.

Enième bras de fer avec l’Etat

Plus spécifiquement pour les personnes sans-abri, l’amplitude horaire de l’ouverture de certains bains-douches doit aussi être élargie dans ces cas de fortes chaleurs. Les Parisiens volontaires peuvent aussi prendre part au dispositif d’aide, grâce à des formations dispensées à la Fabrique de la solidarité (IIe arrondissement).

Cette première expérimentation se veut être le début de quelque chose de plus grand. «Nous essayons de pousser des mesures qui pourraient préfigurer un “plan grand chaud” en lien avec les services de l’Etat, qui en ont la responsabilité», insiste Dan Lert. Il revient en effet aux services étatiques de prendre en charge les personnes vulnérables, comme les sans-abri, par exemple, mais aussi les migrants ou les consommateurs de drogue.

L’idée pourrait mener vers la forme de réquisition de lieux – gymnases, écoles vides – par les préfets afin de mettre à l’abri les personnes dormant à la rue, comme lors des vagues de froid. La mise en musique du dispositif risque toutefois de prendre un peu de temps. Interrogée par Libération, la préfecture d’Ile-de-France, représentant l’Etat en région parisienne, s’est contentée de répondre que «le plan grand chaud relève de la ville de Paris».