Le 4x4 s’arrête à la hauteur de la barrière. «Je vous monte ?» lance Daniel Blanc en mâchouillant son cure-dents. Le conducteur, accompagnateur en montagne à la retraite, a joué «plusieurs fois le taxi» entre Saint-Martin-Vésubie et la Madone-de-Fenestre (Alpes-Maritimes). Bravant l’interdit, il passe le panneau «route barrée» et conduit «à (s)es risques et périls» sur la chaussée cabossée. Car la route métropolitaine 94 (RM94) est coupée à la circulation. Il y a exactement cinq ans, la tempête Alex a tout emporté : des vies (10 morts et 8 disparus dans les Alpes-Maritimes), des maisons, des chaussées. L’accès à ce hameau à 1 900 mètres d’altitude, sanctuaire de la randonnée et de la religion catholique, a été raviné et ravagé. Puis la tempête Aline et les enquêtes judiciaires ont fini de ralentir la reconstruction. La Madone-de-Fenestre attend toujours sa route.
Le 3 octobre 2020, la tempête Alex s’abat sur trois vallées des Alpes-Maritimes. La pluie devient déluge, les rivières se transforment en torrents. Au réveil, les habitants découvrent une énorme plaie dans ce paysage de monts et de mélèzes.