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Libération
Reportage

Clichy-sous-Bois vingt ans après la mort de Zyed et Bouna : «Ici, on pleure de joie pour un tramway, alors qu’il fonctionne mal»

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Vingt ans après les soulèvements dans les banlieues de 2005, Clichy-sous-Bois a changé de visage. De plus en plus désenclavée, la ville s’est dotée d’un conservatoire et d’un commissariat. Les grues sont partout. Prochaine étape, l’arrivée de la ligne 16 du Grand Paris Express.

A Clichy-sous-Bois, où la police a affronté des jeunes en colère pour la cinquième nuit consécutive, le 31 octobre 2005. (Stephane de Sakutin/AFP)
ParRachid Laïreche
Reporter au service société
Louis Moulin
Chef de service - Société
Publié le 25/10/2025 à 12h15

«Les émeutes ? Elles ont permis de mettre un coup de projecteur sur une réalité dénoncée depuis longtemps. Des logements pourris, pas de gare, pas de piscine, pas de cinéma.» Samia, 40 ans, habite Paris, mais elle a vécu la première moitié de sa vie à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). «Quand j’étais au collège, on n’a pas eu cours pendant deux mois. Les profs dénonçaient déjà leurs conditions de travail. Mais personne ne les écoutait.» Elle est partie de Clichy en 2006. Un an après la mort de Zyed Benna et de Bouna Traoré, électrocutés dans le transformateur électrique de la ville après avoir été poursuivis par la police. Ils étaient âgés de 17 et 15 ans.

Les jours de colère ont mis la réalité de Clichy-sous-Bois en pleine lumière. Les grands ensembles dégradés, le manque d’équipements et l’enclavement de la commune (à 15 kilomètres de Paris, mais à 1 h 30 de transports en commun) sautent alors au visage. Vingt ans plus tard : la moitié de la ville est concernée par une opération de renouvellement urbain. L’investissement public se compte en centaines de millions d’euros. Les grues et les pelleteuses sont partout. Les politiques coupent à foison les rubans d’inauguration. La ville de 30 000 habitants es