«Les émeutes ? Elles ont permis de mettre un coup de projecteur sur une réalité dénoncée depuis longtemps. Des logements pourris, pas de gare, pas de piscine, pas de cinéma.» Samia, 40 ans, habite Paris, mais elle a vécu la première moitié de sa vie à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). «Quand j’étais au collège, on n’a pas eu cours pendant deux mois. Les profs dénonçaient déjà leurs conditions de travail. Mais personne ne les écoutait.» Elle est partie de Clichy en 2006. Un an après la mort de Zyed Benna et de Bouna Traoré, électrocutés dans le transformateur électrique de la ville après avoir été poursuivis par la police. Ils étaient âgés de 17 et 15 ans.
Les jours de colère ont mis la réalité de Clichy-sous-Bois en pleine lumière. Les grands ensembles dégradés, le manque d’équipements et l’enclavement de la commune (à 15 kilomètres de Paris, mais à 1 h 30 de transports en commun) sautent alors au visage. Vingt ans plus tard : la moitié de la ville est concernée par une opération de renouvellement urbain. L’investissement public se compte en centaines de millions d’euros. Les grues et les pelleteuses sont partout. Les politiques coupent à foison les rubans d’inauguration. La ville de 30 000 habitants es