Arrosoir licorne en main, la petite fille semble un peu paumée. «Je sais pas il est où ma bulle.» Elle regarde à droite, à gauche. Dans son viseur : le bulbe qu’elle vient d’enfouir dans la terre. Une demi-douzaine de ses camarades de grande section de maternelle ont fait de même, dans une vaste jardinière, alors pas facile de localiser les siens. «Au printemps, ça va pousser, il y aura plein de fleurs», les a prévenus Léo Hardouin, qui a pris soin de leur expliquer le sens dans lequel il fallait les planter «sinon les racines seront en haut et la fleur en bas». Une fois l’opération – brillamment – terminée, une petite fille à l’écharpe rose vif s’exclame : «Toutes mes mains sont sales !» Mais exceptionnellement, les adultes se félicitent de cette débauche d’ongles noirs. «Le but du jeu, c’est d’avoir les mains les plus sales possible !» les encourage Rébecca Pélissier, la maîtresse.
C’est la première fois que la petite troupe met les bottes dans les jardins partagés d’Aureille (Bouches-du-Rhône). L’institutrice avait depuis longtemps envie de se lancer dans un projet de potager avec ses élèves mais «on n’avait pas de lieu, pas de matériel, pas de connaissances», liste-t-elle. Le salut lui est venu de Léo Hardouin et Lola Duhamel. Agés de 22 et 23 ans, tous deux étudiants en année de césure, ils sont venus poser leurs valises pour six mois dans ce joli village niché dans les Alpilles, pour donner un coup de main. Ils n’y ont au