Menu
Libération
Reportage

Dans les Yvelines, la construction d’un pont au cœur d’une lutte entre élus et habitants : «Ce projet n’a aucun sens !»

Article réservé aux abonnés
Les premiers travaux du nouveau viaduc enjambant la Seine sur l’île de la Dérivation, à Carrières-sous-Poissy, ont suscité une levée de boucliers chez les riverains qui vivront bientôt juste en dessous.
Confrontation entre policiers et militants anti-pont, lors d'une blocage du chantier d'un viaduc à Carrières-sous-Poissy (Yvelines), le 26 octobre. (José-María Rodríguez)
par Sascha Garcia, envoyé spécial à Carrières-sous-Poissy (Yvelines)
publié le 10 novembre 2023 à 8h45

Vrombissements de l’A13 en arrière-fond, le moteur est coupé. Loin du tumulte des départementales qui s’entremêlent avec la Seine au nord-ouest de Paris, l’île de la Dérivation n’est accessible qu’à pied ou à vélo par un étroit pont en ferraille verte. Ici, pas de route, seul un long chemin rectiligne bordé par des maisons. Tout au bout, à l’extrême nord de l’île, c’est le calme absolu. «Vous voyez cet arbre ? demande Denis Millet, président du collectif «Non à l’A104 Bis», en pointant du doigt un tronc fraîchement découpé devant lui. C’est là que sera l’un des piliers du pont : deux fois deux voies, 32 mètres de large, 12 mètres de hauteur. Juste au-dessus de nos têtes.»

Dans les cartons du département des Yvelines depuis quarante ans, l’ouvrage de 6 kilomètres va permettre de relier la RD30 à la RD190, Carrières-sous-Poissy à Achères. Estimé à 200 millions d’euros, ce projet routier a pour but de «désenclaver la boucle de Chanteloup et de désaturer la ville de Poissy», argumente pour Libération Richard Delepierre, vice-président du département en charge des mobilités. Mais mardi 24 octobre, le lancement des travaux de défrichement sur l’île de la Dérivation a intensifié une longue lutte entre élus et riverains.

Trouver des failles

«Une quinzaine de policiers sont arrivés très tôt avec les services du département et des bûcherons. La première chose qu’ils ont faite, c’est d’abattre le grand tilleul qui avait 150 ans», raconte Denis Millet, la voix encore trembl