Les 25 000 personnes qui habitent dans un rayon de 1 kilomètre autour de l’usine Berthollet, dans le Bas-Montreuil (Seine-Saint-Denis), sont-ils au courant du risque majeur de pollution lié à la présence de cette entreprise désaffectée de métallurgie, où étaient stockés, jusqu’en septembre 2021, au moins 100 tonnes de produits chimiques hautement inflammables et toxiques ? Et, à présent que 35 tonnes parmi les fûts et bidons les plus dangereux ont été évacuées, la situation est-elle réellement «maîtrisée» comme l’affirme la préfecture ? Un rapport de l’Agence de l’environnement (Ademe), obtenu en exclusivité par Libération, révèle que le site de 5 000 m² situé entre la rue de Paris et la rue Etienne-Marcel, inséré dans un tissu urbain hyperdense, présente encore une «menace élevée sur l’environnement et les populations».
Telles sont les deux questions qui se posent à la lecture des nombreux documents – arrêtés préfectoraux, jugements, études, rapports d’inspection, échanges de mails – consultés par Libé, qui dessinent, depuis sa faillite en 2015, la chronique d’une catastrophe redoutée à défaut d’avoir été annoncée.
«Sac de produits cyanurés à même le sol»
La lecture du rapport réalisé en mars 2021, qui fait suite à l’inspection diligentée par l’Ademe en janvier de la même année, fait froid d