On les voyait de partout, du fin fond du Bronx comme du New Jersey. Elles servaient de repères aux enfants de Manhattan qui avaient encore du mal à s’orienter ou aux touristes perdus en sortant du métro. Elles étaient aussi un «landmark», un de ces lieux symboliques comme l’Empire State Building, le pont de Brooklyn et la statue de la Liberté. Et, dans leur dimension phallique trop évidente, un symbole de la puissance américaine et du capitalisme triomphant : le World Trade Center.
Mais à 10h28 (heure de New York) le 11 septembre 2001, il ne reste plus rien des deux tours jumelles de 110 étages chacune, 415 mètres de haut, qui se sont effondrées l’une après l’autre, après avoir été percutées par deux avions de ligne le matin même. Plus rien qu’un chaos fumant. Et c’est en «voyant» leur absence, quinze jours après l’attentat, que Bruno Dellinger craque. Ce Français avait sa société au 47e étage de la tour Nord. Pendant les jours qui suivent, le rescapé enchaîne les interviews dans les médias français. Il trouve aussi de nouveaux bureaux pour pouvoir redémarrer au plus vite son activité de consulting et de développement artistique. Il fait tout «comme un automate», plus mort que vivant. Jusqu’à ce dimanche soir où, de retour d’un week-end à Long Island, traversant le Queens, il sent son esprit chavirer. Encore accroché à l’espoir de «les» revoir, il accé