Quand Libé se lance en 1973, la France a résolu la crise du logement, version appel de l’abbé Pierre : pour remédier à la pénurie d’après-guerre, puis loger les 1,5 million de rapatriés d’Algérie, l’Etat a construit à tour de bras. C’était l’époque des grands ensembles dont la ZUP de Sarcelles reste l’emblème. Mais «cet urbanisme brutal, qui fait table rase des vieux quartiers, a suscité des résistances. L’Etat arrête donc de produire en masse du logement», raconte Tonino Serafini, qui a couvert le secteur pour Libé de 1986 à 2020. Résultat, à la fin des années 80, revoilà la crise du logement. Une crise dont on n’est toujours pas sorti et que Libé a prise à bras-le-corps.
«C’est la fin des loyers pas chers et le début de la financiarisation du logement, qui devient un produit d’investissement», décrypte notre collègue, se remémorant l’abrogation de la loi de 1948 par le gouvernement Chirac, en 1988, et les premiers comités de défense de mal-logés, squatteurs par nécessité, qui se montent alors. La classe moyenne ne trouve plus à se loger bon marché dans le parc privé. Et un phénomène spéculatif promis à un grand avenir fait son apparition : la vente à la découpe. Libération est le premier journal à le comprendre et le dénoncer.
Cette pratique qui consiste à racheter des immeubles pour les revendre appartement