Zohra Boukenouche a vidé son sac sur les tables déjà chargées. Des livres, des 33 tours, un tee-shirt et son keffieh rejoignent d’autres objets déjà déposés sur le bureau, dans les locaux du musée d’Histoire de Marseille. Il faut désormais trier et sélectionner les souvenirs de lutte, passés ou actuels, bientôt agencés en vitrine pour l’exposition qui s’ouvre dimanche, à l’occasion des 40 ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme.
C’est de la Cayolle, une cité sud de Marseille, qu’une dizaine de personnes avaient démarré leur périple le 15 octobre 1983, direction Paris. Après quatre décennies d’engagement, pour Zohra Boukenouche et les militants marseillais de l’époque, aujourd’hui sexagénaires, cet anniversaire marque une étape symbolique : leur histoire sera pour la première fois présentée officiellement dans l’enceinte d’un musée, celui qui retrace l’histoire de la ville.
«Aujourd’hui, quand on ouvre des livres d’histoire, on ne trouve que des inepties sur le sujet, ou un petit encadré. Nous voulons que cette lutte s’inscrive dans le roman national, explique Hanifa Taguelmint, cheville ouvrière du collectif Mémoires en marche, créé en 2013 pour témoigner de l’histoire de 1983 et porter les luttes actuelles