Marseille sous les ordures, tableau connu. Mais la situation engendrée par la grève des éboueurs, la troisième en quatre mois, a atteint les limites du supportable pour le maire. «A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle», estime Benoît Payan, qui annonce qu’il fera «intervenir en urgence» dès ce mardi des camions pour «ramasser le surplus de poubelles qui bloquent les rues». D’après la Provence, ce sont près de 3 000 tonnes de déchets qui attendent d’être ramassés dans les rues de plusieurs quartiers de la deuxième ville de France.
Catastrophe écologique
«Nous sommes face à une crise des poubelles depuis quatre mois qui prend des proportions dangereuses : des dizaines de feux de poubelles [certains habitants préférant brûler leurs déchets, ndlr] depuis ce week-end et un mistral à plus de 100 km/h», justifie le maire (PS) de Marseille, dans un communiqué publié lundi soir. «Tous les éléments sont réunis pour nous précipiter vers un drame sécuritaire et écologique», selon l’édile, qui se dit contraint de «sortir du cadre légal pour protéger les Marseillaises et les Marseillais», en mobilisant des «moyens dérogatoires extraordinaires afin de préserver la salubrité publique».
Dès ce mardi, «la municipalité fera intervenir en urgence des sociétés pour protéger la santé et la sécurité des Marseillaises et des Marseillais afin de ramasser le surplus de poubelles qui bloquent les rues et qui constituent un risque d’incendie et un danger de pollution des eaux et des milieux naturels», explique Benoît Payan. Avec le vent, la municipalité dit craindre que des grandes quantités de plastique n’atterrissent dans la mer Méditerranée. En octobre, lors d’une première grève, des pluies torrentielles avaient charrié jusqu’à la mer des tonnes de déchets amoncelés dans les rues, provoquant une catastrophe écologique. Plusieurs centaines de bénévoles s’étaient alors mobilisés pour nettoyer les plages.
«Une mesure de sécurité»
La collecte des déchets est une compétence qui incombe normalement à la métropole Aix-Marseille-Provence, dirigée par Martine Vassal, du parti Les Républicains. Cette dernière, à qui le tribunal administratif de Marseille a donné raison samedi, avait assigné la veille en référé le syndicat FO, majoritaire à la ville et à la métropole, afin de demander la levée des blocages des centres de transfert et des garages où sont entreposés les camions benne, empêchant les non-grévistes de travailler librement. «Le maire ne souhaite pas prendre position dans ce conflit social, mais cette décision exceptionnelle de mobiliser des moyens privés est une mesure de sécurité», insiste l’équipe de la mairie.
Cette nouvelle grève de la collecte des déchets, entamée 18 janvier, est la troisième en quatre mois à Marseille. FO estime que certaines dispositions d’un précédent accord conclu fin décembre avec l’ensemble des organisations syndicales autour de l’application des 35 heures ne sont pas respectées. Si la deuxième ville de France a connu de nombreuses grèves des éboueurs depuis une vingtaine d’années, les associations de citoyens sont de plus en plus mobilisées pour réclamer une gestion de la propreté différente. Une page Facebook, Poubelle la vie, dénonçant le problème des déchets réunit plus de 20 000 abonnés.