Quelque 80 000 personnes restaient privées d’eau samedi 24 mars au soir en Guadeloupe en raison d’«actes de malveillance» sur le réseau d’eau potable de l’archipel ultramarin, a fait savoir le préfet de la région Guadeloupe dans un communiqué. «Sur les 130 000 personnes impactées hier, la situation de 50 000 d’entre elles a pu être réglée ou améliorée dans la journée mais 80 000 sont encore impactées ce soir», samedi, a fait savoir le préfet dans un point de situation à 19 heures locales.
A la demande des mairies et de la préfecture, 132 palettes d’eau ont pu être distribuées samedi à des personnes privées d’eau, ajoute le communiqué. Selon la même source, la panne principale touchant les communes des Abymes, de Goyave et du Gosier est due à la rupture de la canalisation principale «qui relie la Basse-Terre à la Grande-Terre», une «conséquence directe d’actions de malveillance».
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— Préfet de Guadeloupe (@Prefet971) March 24, 2024
Des enquêtes ont été ouvertes samedi pour «destructions aggravées et mise en danger de la vie d’autrui», avaient annoncé plus tôt les procureurs de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre dans un communiqué conjoint, sans préciser la nature des dégradations.
Contexte social tendu
Ces actes s’inscrivent dans un contexte social tendu : depuis plusieurs jours, une grève des agents du Syndicat mixte de gestion des eaux et assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), régie publique en Guadeloupe, affecte la distribution d’eau potable, déjà régulièrement critique, en plusieurs points. Les agents mobilisés «revendiquent notamment des évolutions de carrière, plus de pouvoir d’achat, une réorganisation structurelle et fonctionnelle de l’établissement, ainsi que la fin des abus de pouvoir», rapporte Guadeloupe La 1ère.
Vendredi, des écoles et des entreprises ont fermé dans plusieurs communes, faisant réagir le syndicat patronal UDE-Medef et les représentants de la Chambre de commerce et d’industrie, appelant à «des mesures» rapides. «Nous appelons de nos vœux une conscientisation et la mise en place d’un service minimum de 5 à 6 heures par jour, aux heures les plus propices», a demandé vendredi la présidente du Comité du tourisme des îles de Guadeloupe dans un communiqué, rappelant «l’effet dévastateur» de cette situation pour la région.
La Guadeloupe connaît, en raison de décennies de gestion délétère et de réseaux vétustes, des coupures d’eau organisées par l’opérateur pour alimenter tour à tour les communes de l’archipel. Depuis fin 2021, une régie unique tente de résorber les problèmes mais connaît de nombreux dysfonctionnements politiques et financiers.
Elle est épaulée par les collectivités majeures et l’Etat, dans une feuille de route de gestion commune autour d’un plan d’investissement de plus de 300 millions d’euros. De nombreux experts estiment qu’il faudrait plus d’un milliard d’euros pour changer les canalisations qui laissent s’échapper plus de 50 % de l’eau produite.
Mise à jour le 24 mars à 8h50, 80 000 personnes restent privées d’eau en raison d’«actes de malveillance» sur le réseau d’eau potable.