Visiter une ville avec un urbaniste est une expérience de réalité augmentée : on apprend à lire le dessous des cartes. Et pour découvrir la capitale de la Gironde, il n’y a pas meilleur guide que Jean-Marc Offner, qui dirige depuis douze ans A’urba, l’agence d’urbanisme de Bordeaux Aquitaine. Devant la place de la Bourse, il gare en double file sa Clio : un peu d’histoire et beaucoup de géographie. Côté cour, le décor de théâtre des façades bourgeoises en pierre blonde, côté jardin, le «miroir d’eau» du paysagiste Michel Corajoud qui a rendu célèbre Bordeaux jusqu’en Chine. Entre les deux, a-t-on remarqué que la station de tramway est minimale, juste un banc pour s’asseoir ? Pour éviter de récréer une barrière entre les quais et la Gironde, alors que réconcilier la ville et son fleuve a été au cœur de la transformation engagée par l’ancien maire Alain Juppé (1995-2004) : la beauté, comme le diable, est dans les détails.
Mais preuve que la «belle endormie» classée au patrimoine mondial de l’Unesco sait aussi passer des nuits blanches et qu’à 68 ans et à un an de la retraite, on n’est pas devenu un vieux con, voici qu’après la rive gauche monumentale et un dîner bien arrosé – mais pas de bordeaux – à l’emblématique Cité du vin, «une rondeur sans couture, immatérielle et sensuelle», dixit l’agence XTU Architects, on remonte dans sa citadine. Direction la rive droite mal aimée, mais en voie de brooklynisation. A Darwin, ancienne caserne reconvertie en friche culturelle, ve