Michelle, 68 ans, s’est levée tôt ce dimanche matin. Chaque jour, depuis le début du mois de mai, cette retraitée de l’éducation nationale s’astreint au même rituel, censé faire baisser la température de son T5 de quelques précieux degrés. Elle ouvre en grand ses portes-fenêtres. Dos à l’encadrement, elle place un rafraîchisseur d’air, un imposant ventilateur qu’il faut nourrir régulièrement de glaçons pour qu’il recrache une petite bise. «Ça me fait gagner 2 degrés.» Elle entrouvre les rideaux occultants, point trop pour éviter que la réverbération ne réchauffe l’atmosphère, mais suffisamment pour laisser passer de fugaces coups de vent. Un courant d’air traverse le salon et fait bouger ses cheveux gris coupés au carré. Michelle s’assoit sur le canapé. Un court répit.
Il fait 24 degrés dehors, presque 30 dans son appartement. L’air est de plus en plus lourd, des gouttes de sueur perlent sur le front, dans le dos et sous les aisselles. Chez Michelle, il n’y a ni volets, ni ventilation mécanique contrôlée (VMC). Le béton armé de son immeuble construit dans les années 1960 fait office de boîte de conserve. Bientôt, à 15 heures, quand le soleil dru commencera à lécher son balcon et à taper contre les carreaux, ce sera pire. La température dans son appartement, au deuxième étage d’un immeuble de la cité Cochennec, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), peut atteindre jusqu’à 40 degrés lorsqu’il en fait 30 dehors. Ce lundi et ce mardi, les prévisions météo en annoncent près d