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Libération
Reportage

«L’idée, c’est de toucher un public invisibilisé» : à Sète, le théâtre s’invite à la cité de l’île de Thau

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Depuis cet été, dans un des quartiers les plus défavorisés de France, situé dans la commune héraultaise, le metteur en scène Benjamin Barou-Crossman propose des cours de théâtre aux habitants.

Le comédien et metteur en scène Benjamin Barou-Crossman pendant un atelier théâtre à Sète le 15 octobre. (David Richard/Libération)
ParSarah Finger
envoyée spéciale à Sète (Hérault)
Publié le 30/10/2025 à 19h15

Ici, point de lourds rideaux rouges, ni de parquet qui grince, ni même de scène. Côté décor, cet atelier de théâtre se résume au strict minimum : un sol en PVC, une fenêtre condamnée par un rideau de fer, quelques sièges en plastique. Serrée dans cette salle sommaire, une vingtaine de personnes attendent le début du cours. Des gamins zigzaguent entre les jambes des adultes tandis qu’une grand-mère enguirlande son petit-fils. Assise dans un coin, une jeune mère donne le biberon à son bébé. Des poussettes encombrent la pièce, et des bonbons à moitié mâchés collent aux semelles.

De tous côtés, on s’agite, on parle fort, on s’impatiente. Mais il en faudrait plus pour déconcentrer le metteur en scène Benjamin Barou-Crossman. «Allez, on se met tous en rond et on s’échauffe !» lance-t-il d’une voix de stentor. Des enfants surexcités, des hommes bâtis comme des armoires à glace et une poignée d’ados se lèvent. La séance débute dans un joyeux chaos.

Un taux de pauvreté de 65 %

Organiser des ateliers de théâtre à l’île de Thau relevait du genre de défi propre à séduire Benjamin Barou-Crossman. Avec sa compagnie TBNTB, ce comédien s’emploie depuis une décennie à partager sa passion du théâtre au cœur de quartiers défavorisés. Après Agde et