Ici, point de lourds rideaux rouges, ni de parquet qui grince, ni même de scène. Côté décor, cet atelier de théâtre se résume au strict minimum : un sol en PVC, une fenêtre condamnée par un rideau de fer, quelques sièges en plastique. Serrée dans cette salle sommaire, une vingtaine de personnes attendent le début du cours. Des gamins zigzaguent entre les jambes des adultes tandis qu’une grand-mère enguirlande son petit-fils. Assise dans un coin, une jeune mère donne le biberon à son bébé. Des poussettes encombrent la pièce, et des bonbons à moitié mâchés collent aux semelles.
De tous côtés, on s’agite, on parle fort, on s’impatiente. Mais il en faudrait plus pour déconcentrer le metteur en scène Benjamin Barou-Crossman. «Allez, on se met tous en rond et on s’échauffe !» lance-t-il d’une voix de stentor. Des enfants surexcités, des hommes bâtis comme des armoires à glace et une poignée d’ados se lèvent. La séance débute dans un joyeux chaos.