Le soleil se couche derrière le stade, et ce crépuscule semble annoncer sa fin prochaine. Bientôt, le Montpellier Hérault Sport Club (MHSC) va quitter la Paillade, ce quartier populaire du nord-ouest de Montpellier qui l’a vu grandir. Planté derrière les grilles, les yeux rivés sur le colosse en béton grignoté par la nuit, Mustapha voit défiler toute son enfance : «On grimpait sur ces platanes, juste là, sur le trottoir, pour voir les matchs sans payer. On était tous des fous de foot mais on n’avait pas les moyens d’acheter une place. Souvent, on demandait à des supporteurs qui venaient du centre-ville de Montpellier de nous prendre la main pour nous faire passer les contrôles avec eux, comme si on était leurs mômes… Ils étaient nombreux à jouer le jeu.»
Mustapha est né il y a quarante-six ans, quasiment en même temps que ce stade. A l’époque, les tours et les barres de la Paillade abritaient des familles d’origines et de milieux divers, une mixité qui a presque totalement déserté ce quartier aujourd’hui classé en zone urbaine sensible. Kader appartient à cette même génération. Lui se souvient que gamin, il escaladait la buvette pour tenter d’apercevoir les matchs à l’intérieur de ce stade que personne, ici, ne désigne par son nom officiel – stade de la Mosson. Plus grand, comme nombre de ses potes, Kader gagnait un peu d’argent en tant que placier. «Ce stade, on l’a vu grandir. Et il nous a vus grandir. Durant notre jeunesse, tout tournait autour de lui, comme les