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Libération
Reportage

Mort de Nahel : à Sens, un an après les émeutes, «tout le quartier a la gueule de bois»

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Dans la sous-préfecture de l’Yonne, où un centre social est parti en fumée l’an dernier, le sentiment d’insécurité lié aux émeutes devrait faciliter la réélection de Julien Odoul, député RN de la circonscription. Encore groggy, l’équipe municipale tente de poursuivre sa politique sociale.
A Sens, le 18 juin. La carcasse noircie du complexe mort-né, qui devait abriter aussi la mairie annexe, la bibliothèque et une crèche, est toujours là, en bordure de la cité des Champs-Plaisants. (Ville de Sens )
par Eve Szeftel, envoyée spéciale à Sens (Yonne)
publié le 26 juin 2024 à 20h18

Ghislaine Pieux en a pleuré. Quand elle a vu les images du centre social en feu, dans la nuit du 28 au 29 juin 2023, l’élue aux Solidarités de la ville de Sens a «pensé aux équipes, à tout ce qu’on avait imaginé. Aux années de travail parties en fumée. Ce nouvel équipement, les gens du quartier des Champs-Plaisants commençaient à se l’approprier, on avait déjà préparé la fête d’inauguration», raconte cette femme de 53 ans.

Mais un an après les émeutes qui ont sidéré la petite ville de Bourgogne, l’élue de droite modérée, éducatrice spécialisée, s’inquiète surtout pour la jeunesse populaire de Sens et de France, qui risque de faire les frais de politiques répressives si le Rassemblement national arrive au pouvoir le 7 juillet. La ville ne craint pas de basculer : elle a déjà un député lepéniste, le remuant Julien Odoul, bien parti pour être réélu. En revanche, quand on rencontre Ghislaine Pieux, une semaine après la dissolution, Jordan Bardella vient de confirmer qu’il suspendrait les allocations familiales