Menu
Libération
Interview

Mort de Nahel : dans les quartiers populaires, «il y a un sentiment très fort que rien ne change»

Article réservé aux abonnés
Pour le sociologue Julien Talpin, le brutal ressentiment qui s’exprime dans les quartiers populaires depuis que l’adolescent de 17 ans a été tué par un policier à Nanterre, mardi 27 juin, est alimenté par la faiblesse persistante des réponses politiques face au racisme et aux violences policières.
Lors de la marche blanche pour Nahel à Nanterre, le 29 juin. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 30 juin 2023 à 7h36

Le feu et la colère. Depuis la mort de Nahel à Nanterre, tué mardi 27 juin pendant un contrôle de police, de nombreuses villes de région parisienne et de France s’embrasent. Etabli à Roubaix, Julien Talpin est sociologue et chercheur au CNRS. Spécialiste des quartiers populaires, il a notamment dirigé l’Epreuve de la discrimination : enquête dans les quartiers populaires (PUF, 2021) et est l’auteur de Bâillonner les quartiers : comment le pouvoir réprime les mobilisations populaires (Rue des étaques, 2020). Il revient ce jeudi 29 juin pour Libération sur des événements qui se répandent comme une traînée de poudre à travers le pays.

Quelle est votre réaction face au sentiment de révolte et aux violences qui gagnent les quartiers populaires de France depuis mardi soir ?

La colère est importante et, dans ce cas-là, le fait qu’il y ait une vidéo est tout à fait central car cela a un double effet. C’est à la fois une colère face à un énième mort sous les coups et les balles de la police, mais c’est aussi une colère face aux mensonges des policiers concernés. Cet «effet vidéo» est tout à fait décisif, à la fois dans l’intensité émotionnelle que cette mort suscite mais aussi dans la diffusion très large de l’affaire. Je pense donc que cela va continuer à s’ampli