En règle générale, les architectes s’éteignent avant leurs bâtiments. Certains font toutefois l’expérience inverse et on peut y déceler l’obsolescence des constructions, la versatilité des besoins de l’époque ou encore la longévité des concepteurs. Paul Chemetov fait partie de ceux-là. En 2014, il a vu tomber un de ses immeubles de logements à Courcouronnes (Essonne), trente ans seulement après son édification. Trois ans plus tard, c’est la tour Cara, un foyer de jeunes travailleurs, qui disparaissait du paysage de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). A l’été 2022, l’architecte se battait encore pour sauver des constructions aux Briques-Rouges à Vigneux (Essonne), menacées de finir comme les autres sur l’autel du renouvellement urbain.
«Au XXe siècle, nous avons construit bien plus que durant les siècles passés : ce patrimoine inclut des bâtiments non réparables, non habitables et qu’il faut détruire, concédait Chemetov à l’Humanité en 2019. D’autres, en revanche, peuvent être rénovés.» Et l’homme d’estimer que «les architectes doivent avoir une grande conscience du temps». Lui plus que quiconque, qui signa au fil des décennies de très nombreuses réalisations – des logements sociaux par milliers