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Motos, scooters et quads forcés de passer le contrôle technique

Dès 2023, les deux-roues devront passer un contrôle technique. Obligatoire en Europe, la France a longtemps repoussé la mesure.
Des membres de la Fédération française des motards en colère (FFMC) lors d'une manifestation en février à Paris. (Anne-Christine Poujoulat/AFP)
publié le 11 août 2021 à 12h29
(mis à jour le 11 août 2021 à 16h50)

Chopper, mobylette ou encore scooter rétro italien : tous les deux ans, les motards – mais aussi les pilotes de quad – devront faire inspecter leur véhicule. Un décret paru ce mercredi au Journal officiel entérine cette nouveauté. A partir de 2023, le contrôle technique sera obligatoire pour les deux-roues motorisés. Et ce, tous les deux ans. Une mesure obligatoire au niveau européen mais longtemps repoussée en France.

«A compter du 1er janvier 2023, les véhicules motorisés à deux ou trois roues et les quadricycles à moteur font l’objet d’un contrôle technique», indique le décret publié ce mercredi. Ce nouveau contrôle technique concerne donc tous les deux-roues, 50cm3 et voitures sans permis compris. Comme le précise ce décret, le contrôle doit être effectué dans un centre de contrôle agréé, «dans les six mois précédant l’expiration d’un délai de quatre ans à compter de la date de leur première mise en circulation», puis «renouvelé tous les deux ans», ou avant toute revente du véhicule, comme pour les voitures.

Mesure impopulaire

Concrètement, le premier contrôle aura lieu en 2023 pour les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2016, en 2024 pour les véhicules immatriculés entre 2016 et 2020 et en 2025 pour les véhicules immatriculés en 2021. Pour les véhicules de collection, le délai entre deux contrôles techniques est porté à cinq ans, sauf en cas de revente. Le prix du contrôle n’est pas connu, mais celui d’une automobile coûte entre 70 et 100 euros selon l’endroit et le véhicule. En cas de non-présentation du contrôle technique, le conducteur risquera 135 euros d’amende et l’immobilisation du véhicule.

Une directive européenne de 2014 prévoyait la mise en place, à partir du 1er janvier 2022, d’un contrôle technique pour les véhicules motorisés à deux et trois roues d’une cylindrée supérieure à 125 cm3, pour lutter contre les accidents et la pollution. La France met donc en place avec un an de retard ce contrôle périodique. Le gouvernement de Manuel Valls l’avait même annoncé en 2015… sans le mettre en place.

Il faut dire que la mesure est loin d’enchanter les motards. En avril, plusieurs milliers d’entre eux avaient manifesté à travers la France contre la mise en place de ce contrôle technique, dénonçant une «surenchère réglementaire» et réclamant à l’Etat de déroger à cette directive européenne. «On a la surprise de voir ce décret arriver en pleine période estivale», a condamné Jean-Marc Belotti, de la Fédération des motards en colère (FFMC). «C’est scandaleux, c’est un vrai racket, on ne va pas lâcher l’affaire», a-t-il déclaré à l’AFP. «Cela aura pour conséquence une lutte accrue contre les nuisances liées à la pollution atmosphérique et sonore», a souligné de son côté Franck Olivier Torro, de l’association Ras le Scoot. «Cela aura aussi un impact positif sur la circulation et le stationnement des épaves et des deux temps qui sont très prisés par les livreurs de repas».

Dans un compte-rendu d’une réunion qui s’est tenue le 8 juin avec le ministre des Transports, FFMC, association historique de motards fondée en 1980, s’insurge contre la mesure : «La FFMC dénonce l’absence dans ce projet de contrôle technique de toute démonstration qu’il amènerait une amélioration, pour l’usager de 2 et 3 roues motorisés, que ce soit en termes de sécurité routière, de bruit ou de pollution de l’air.» Elle pointe du doigt un arrêt conduit par «la pression de l’Europe». «Il y a une vraie méconnaissance du dossier par les pouvoirs publics français», estime Jean-Marc Belotti. «L’accidentalité des motos est en baisse constante, ce n’est pas un problème de sécurité routière (...) Une moto est beaucoup plus sensible qu’une voiture, dès que quelque chose ne va pas, on le sent tout de suite», a souhaité rappeler ce représentant des motards.

Le contrôle technique avait été mis en place pour toutes les automobiles en France en 1992, avec du retard sur d’autres pays européens mais avec l’adhésion de la majorité des automobilistes.

Mise à jour mercredi après-midi : ajout notamment de la réaction de Ras le Scoot.