Le courrier des huissiers tant redouté est arrivé : le Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap), qui occupe depuis un demi-siècle un terrain à Montmartre, a reçu vendredi un commandement de quitter les lieux sous quarante-huit heures, donc d’ici ce dimanche soir. C’est la deuxième fois de son histoire que cet «îlot de vie populaire coincé entre les cars de touristes», comme le décrivent ses adeptes, est menacé : dans les années 80, les boulistes s’étaient enchaînés aux arbres pour empêcher qu’il ne soit transformé en parking. Cette fois, la menace vient d’un hôtel de luxe mitoyen à 1 000 euros la nuit, nouvel occupant en titre du terrain après avoir remporté l’appel d’offres organisé par la mairie pour régulariser la situation et redonner au lieu «sa vocation d’espace vert, accessible à tous».
Pas de quoi décourager pour autant les insurgés de cette petite république autonome, avec sa buvette digne d’un camping public (un euro la bière, qui dit mieux ?), ses arbres centenaires et ces neuf terrains, tous occupés en cet après-midi d’avril où il fait encore frisquet. «On espère que la mairie privilégiera le dialogue à l’expulsion, commentait ce dimanche Nicolas Jammes, le vice-président du plus gros club de pétanque parisien, fort de 300 licenciés et d’une section féminine qui compte près de cent membres. A trois mois des JO, ce ne serait pas un bon signal….»
A lire aussi un quiz sur le quartier
Nichée à l’abri des regards entre des murs de la très chic avenue Junot, près du moulin de la Galet