Ni voiture, ni bus, ni taxi. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a officiellement relancé son projet ce mardi 17 septembre de rendre entièrement piétonne une partie d’Oxford Street, l’une des avenues commerçantes les plus longues et fréquentées d’Europe. Dans un message publié sur X (ex-Twitter), l’élu travailliste assure que ses nouveaux plans «transformeront l’expérience des Londoniens et des touristes». «Le gouvernement et moi-même […] sommes déterminés à créer l’un des plus beaux espaces publics du monde», vante-t-il.
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Ce n’est pas la première fois que Sadiq Khan ambitionne de piétonniser Oxford Street. Ce projet avait vu le jour en 2017, un an après sa première élection à la tête de la métropole. Mais il avait été bloqué par l’ancien conseil municipal de la cité de Westminster (sorte d’arrondissement dont fait partie Oxford Street), contrôlé alors par les conservateurs. Cette fois, le maire de Londres dispose d’un atout majeur : le conseil municipal et le gouvernement sont récemment revenus aux mains du parti travailliste. Sadiq Khan possède même le soutien de la vice-Première ministre du pays, Angela Rayner. La piétonnisation de l’avenue «stimulera la croissance en créant de nouveaux emplois, en générant de l’activité économique et en donnant un coup de pouce bien nécessaire à l’économie nocturne de Londres», a-t-elle à son tour défendu.
Les critiques restent cependant les mêmes. Privée de transports en commun, l’accessibilité de l’artère serait amoindrie notamment pour les personnes handicapées ou âgées, selon les détracteurs du projet. Le plan du maire y répond : les trottoirs seront plus larges et l’accès direct en bus à Oxford Street sera conservé. Le premier tronçon piétonnisé de l’artère est prévu d’ici à 2027, pour un total de 150 millions de livres sterling (plus de 175 millions d’euros) de travaux. Une métamorphose d’ampleur s’annonce pour cette avenue connue pour ses grands magasins, délaissés depuis la démocratisation de l’achat en ligne et la pandémie de Covid-19.
Le pont d’Iéna interdit pour de bon aux voitures
Londres emprunte un chemin en vogue ces dernières années en Europe. Ce mardi 17 septembre marque également l’interdiction officielle des véhicules motorisés sur le pont d’Iéna, à Paris, piétonnisé à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. «On pourra continuer à s’y promener et à profiter de la Tour Eiffel sans crainte de se faire renverser», s’est félicité dans un tweet l’écologiste David Belliard, maire adjoint aux transports et à la transformation de l’espace public. Une piétonnisation de plus pour Paris, après celle, controversée, des berges de Seine en 2018, qui a permis de réduire la pollution de l’air et améliorer la qualité de vie des Parisiens.
D’autres villes font état des bienfaits de la piétonnisation de leurs artères. Un journaliste de Bloomberg en a fait l’expérience dans les rues de Leipzig, métropole de l’est de l’Allemagne : «Au lieu des crissements de freins et du grondement des moteurs, j’entendais les bavardages des cafés et le tintement des clochers.» Un allongement de temps de balade qui l’a poussé à davantage consommer, avance-t-il en réponse aux critiques selon lesquelles la piétonnisation réduirait la fréquentation des boutiques.
Interview
A Bruxelles, la part de cyclistes et de piétons n’a fait qu’augmenter avec les années, grâce à l’interdiction progressive de la voiture. La capitale belge possède, depuis 2021, la plus grande zone piétonne d’Europe avec 50 hectares dédiés. Les pionnières en la matière restent les grandes villes européennes du Nord, à l’instar d’Amsterdam ou de Giethoorn aux Pays-Bas, accessible uniquement à vélo ou en bateau. L’artère commerçante danoise Strøget, à Copenhague, fait également partie des plus longues rues piétonnes d’Europe.
La ville symbole du piéton devenu roi reste Pontevedra, en Espagne, où 70 % des déplacements sont effectués à pied. En l’espace de vingt ans, les émissions de CO2 y ont chuté de 60 %. Exit les nuages noirs des pots d’échappement et l’encombrement de l’espace par les quatre roues, place aux circulations douces dans les centre-villes.