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Mobilisation

Paris : les boulistes de la butte Montmartre expulsés par la mairie

Depuis avril dernier, les joueurs de pétanque du Clap occupent jour et nuit ce qui a été leur boulodrome pendant 53 ans avant que son accès leur en soit interdit par la mairie. Ce lundi 21 octobre, la police est intervenue pour les déloger.
Mobilisation à Montmartre en avril 2024 pour protester contre la décision d'expulsion des joueurs de pétanque. (Stéphane de Sakutin/AFP)
publié le 21 octobre 2024 à 17h21

La mairie de Paris fait un carreau. Lundi 21 octobre, des policiers ont empêché l’accès au très convoité terrain de pétanque de l’avenue Junot à plusieurs dizaines de personnes venues protester contre l’expulsion des boulistes. Une opération d’évacuation demandée et confirmée par la mairie de Paris, propriétaire du lieu, qui avait saisi le Conseil d’Etat à cet effet.

Depuis le 19 avril, certains des 300 licenciés du Clap se relayaient jour et nuit, dormant dans des tentes pour empêcher leur expulsion du terrain de pétanque, un espace vert protégé niché au cœur de la butte. Fin mai, la préfecture de police avait indiqué que si la médiation proposée n’aboutissait pas, le «concours de la force publique» serait sollicité pour cette expulsion.

Assises par terre, une vingtaine de personnes, dont des adhérents du club de pétanque de Montmartre, protestaient ce lundi contre leur mise à distance de ce boulodrome, fréquenté et animé par leur club depuis un demi-siècle. Garé à l’entrée du local du Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap), un camion bloquait le passage, tandis que des agents de la police municipale et nationale empêchaient une trentaine de personnes présentes d’y entrer, a observé un journaliste de l’AFP. «C’est scandaleux», criaient certaines d’entre eux.

Sollicité, Kevin Havet, le maire adjoint PS du XVIIIe arrondissement chargé de la sécurité, a justifié l’opération policière : «Depuis ce [lundi] matin, la police nationale est intervenue pour que la Ville puisse redisposer de ce local et que l’occupation illégale qui était en vigueur, malgré cette décision du Conseil d’Etat, puisse être mise à terme.»

Une décision de la mairie socialiste contestée

De son côté, la mairie de Paris entendait récupérer ce boulodrome, que le club «occupe», selon elle, «sans droit ni titre» depuis 1971, pour en faire un «espace vert accessible» aux Parisiens qui «en ont été trop longtemps privés». En juillet 2023, les élus parisiens, divisés sur le sujet, ont confié pour douze ans cette parcelle à l’hôtel de standing mitoyen, qui s’est engagé à verser une redevance annuelle de 60 000 euros, la végétaliser et à l’ouvrir au grand public. Une opération de «greenwashing», balayaient les boulistes interrogés par Libé en avril dernier.

«Si les gens du Clap sont virés, c’est tout simplement pour permettre à l’hôtel particulier voisin du club de récupérer la gestion du terrain pour en faire quelque chose qui est assez nébuleux pour l’instant», a dénoncé auprès de l’AFP le député de Paris Aymeric Caron, apparenté La France insoumise (LFI), venu soutenir les boulistes.

Le comédien Fabrice Luchini, soutien des boulistes depuis le début du conflit, s’est quant à lui exprimé sur X : «Léger ahurissement de voir qu’une mairie pourtant socialiste préfère un projet de tourisme de luxe à un club de pétanque de riverains de tous milieux sociaux présent depuis 50 ans dans un square classé.»