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"QPV"

Politique de la ville : 111 nouveaux quartiers classés «prioritaires» en 2024, à quelques mois d’une «grande loi logement»

Parmi les 1 362 quartiers prioritaires de la politique de la ville recensés au Journal officiel ce samedi 30 décembre, 111 font leur entrée dans le dispositif quand 40 en sortent. Au printemps, un projet de loi sur le logement doit être présenté au Parlement.
Le quartier Wihrel, à Ostwald (Bas-Rhin), fait partie des 111 quartiers prioritaires de la politique de la ville à entrer dans le dispositif. (Digito/Archi-Wiki)
publié le 30 décembre 2023 à 15h15

C’est la première fois depuis la création des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) en 2014 que cette liste est mise à jour. Selon un décret paru samedi 30 décembre au Journal officiel, 111 quartiers rejoindront le 1er janvier la liste des QPV et 40 en sortent pour un total de 1 362 sites désormais classés prioritaires en France métropolitaine. Parmi les QPV déjà existants, 960 voient par ailleurs leur périmètre évoluer. Tous les départements de France sont désormais concernés, avec la création d’un QPV à Mende, en Lozère.

«Ce décret est l’aboutissement d’un processus d’échange fructueux entre les services de l’Etat et les élus locaux. Notre volonté était de répondre aux besoins des plus fragiles et d’avoir un zonage au plus proche des réalités de chaque territoire», a assuré dans un communiqué la secrétaire d’Etat chargée de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, fragilisée pas plusieurs affaires en décembre.

Issus d’un dispositif créé en 2014 par François Lamy, ministre de la Ville sous François Hollande, les QPV, dans lesquels vivent cinq millions d’habitants, sont censés bénéficier des dispositifs de la politique de la ville. «Notamment en matière fiscale, et autour des enjeux éducatifs, d’emploi, d’insertion et de développement économique, ou sociaux» afin de résorber les inégalités avec le reste du territoire, précise le communiqué.

Les élus locaux ont tous scruté cette nouvelle liste. Comme annoncé par Libération mi-décembre, deux quartiers du Xe arrondissement de Paris font bien partie des 40 à sortir du dispositif. Ce qui avait hérissé Alexandra Cordebard, maire de cet arrondissement central de la capitale : «C’est un territoire fragile dans lequel on a investi comme des malades, et en récompense, l’Etat vous enlève tout ! C’est irresponsable et limite insultant.» Car s’ils sont parfois stigmatisés, les QPV bénéficient de moyens supplémentaires qui bénéficient aux habitants et au territoire. Mais si une sortie peut également signifier une amélioration de la situation sociale du quartier.

Eviter «une concentration des plus démunis dans les quartiers politiques de la ville»

Résultat du croisement des données de l’Insee et du travail de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), ils doivent en outre se trouver dans une unité urbaine de plus de 10 000 habitants et compter au moins 1 000 habitants. La mise à jour des QPV dans les territoires ultra-marins, qui en comptent aujourd’hui un peu plus de 200, aura lieu durant l’année 2024 pour une entrée en vigueur en 2025.

Cette annonce intervient deux mois après le comité interministériel des villes. A cette occasion, le gouvernement avait indiqué que les ménages reconnus «Dalo», pour «droit au logement opposable», ne devront plus se voir attribuer de logements dans les QPV. Mais pas tous les Dalo : «Seulement les plus démunis, par exemple ceux qui sont sans emploi», sachant que 40 % des ménages reconnus prioritaires ont des ressources inférieures au Smic, avait précisé le ministre du Logement, Patrice Vergriete. Ceci afin d’éviter «une concentration des plus démunis dans les quartiers politiques de la ville» au détriment de la «mixité sociale». Chaque année, environ 25 000 ménages obtiennent un logement de manière prioritaire, en fonction de critères qui ne sont pas uniquement sociaux (conditions de logement, enfants en bas âge, mais aussi handicap). Cette mesure, qui a fait l’objet d’une circulaire le 18 décembre, sera intégrée dans une «grande loi logement» au printemps 2024.