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Libération
Finalement non

Contrôle technique des deux-roues : le coup de frein de Macron

Les véhicules deux-roues, trois-roues et quads devaient être soumis à un contrôle technique tous les deux ans à partir de 2023. Très contestée par le mouvement motard, la mesure annoncée mercredi est déjà reportée.
Contesté par les motards, le contrôle technique obligatoire a été reporté. (GUILLAUME SOUVANT/AFP)
publié le 12 août 2021 à 18h18

Les motards en colère sont contents. Le décret, fraîchement publié au Journal officiel mercredi pour un contrôle technique (CT) obligatoire des «véhicules motorisés à deux ou trois roues et les quadricycles à moteur» à compter du 1er janvier 2023, a été suspendu. La mesure n’aura existé qu’une journée, reportée sine die par l’exécutif. Selon nos informations c’est le chef de l’Etat lui-même qui aurait expressément exigé mercredi lors du conseil des ministres que cette obligation soit suspendue sine die. Le gouvernement ne voulait pas prendre le risque de voir les motards rejoindre les rangs des opposants au pass sanitaire. Il n’a pas échappé à Emmanuel Macron qu’un nombre non négligeable de motards avaient rejoint le mouvement des gilets jaunes.

Cette disposition, simple transposition d’une directive européenne de 2014 avait quelque peu échappé au radar gouvernemental. Et avait déjà provoqué la grogne des fédérations de motards. Après une discussion ce jeudi matin avec le chef de l’Etat, le ministre Jean-Baptiste Djebbari «a convenu avec les fédérations de se retrouver à la rentrée pour échanger largement sur les différents sujets les concernant», a indiqué une porte-parole du ministère. Le rendez-vous est pris pour le 3 septembre avec les deux principales organisations de conducteurs de deux-roues. Ce nouveau contrôle technique devait concerner tous les véhicules motorisés à deux, trois et quatre roues, scooters de 50 cm³ et voitures sans permis compris.

«Fait du prince»

Pour Franck-Olivier Torro, porte parole de l’association Ras le Scoot, ce revirement traduit un «ascenseur émotionnel permanent» : «On était ravis de savoir que le CT allait enfin être mis en place, que la France allait suivre la réglementation européenne. Et finalement non. C’est le fait du prince, contre l’avis des députés qui ont travaillé sur le projet.» Il rappelle que ce contrôle technique devait également permettre «d’identifier les deux-roues qui ne devraient pas circuler, dont ceux qui ont des pots exprès pour faire plus de bruit» ou bien les «scooters à moteur deux temps» qui passent sous la barre des 50 cm³, «très prisés des livreurs à domicile». Pour lui, ce choix peut se comprendre car le Président «n’a pas envie de se mettre en plus les motards en colère à dos. Le mouvement est important, bruyant. Lorsqu’ils manifestent, on les entend bien».

Concrètement, le premier contrôle devait avoir lieu en 2023 pour les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2016, en 2024 pour ceux immatriculés entre 2016 et 2020 et en 2025 pour les véhicules immatriculés en 2021. Pour les deux-roues de collection, le délai entre deux contrôles techniques est porté à cinq ans, sauf en cas de revente. Le prix du contrôle n’est pas connu, mais celui d’une automobile coûte entre 70 euros et 100 euros selon l’endroit et le véhicule. En cas de non-présentation du contrôle technique, le conducteur risque 135 euros d’amende et l’immobilisation du véhicule.

Sur BFMTV, Isabelle Lebret, chargée de communication à la Fédération française des motards en colère, salue le revirement du gouvernement. «Le CT ne se justifie en rien pour les deux-roues motorisés. Le mettre en place sous couvert de sécurité routière, c’est une aberration.» «Les motards nous disent qu’ils fluidifient le trafic, qu’il y a moins d’embouteillage grâce à eux, rétorque de son côté Franck-Olivier Torro de Ras le scoot. C’est difficilement entendable en ville ou en province, quand vous vivez à côté de routes où de nombreux motards passent et font un barouf du tonnerre.» Rendez-vous en septembre pour savoir si deux-roues et contrôle technique vont bien ensemble.