A la longue, les habitants des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes, ont fini par oublier son existence. Il faut dire que l’ancienne chaufferie centrale qui alimentait cette grosse cité HLM d’Ile-de-France, 7 000 habitants aujourd’hui, est en train de s’effacer du paysage, ensevelie par la végétation. A peine devine-t-on son dôme, qui émerge d’un fouillis de ronces, derrière l’arrêt de bus de l’avenue Léon-Blum.

Construite en 1970, en même temps que les Tarterêts, cet ancien bâtiment industriel est l’œuvre de Jean-Pierre Jouve, alors jeune collaborateur de Roland Dubrulle, l’architecte du quartier. Jouve travaille le béton pour lui faire prendre des formes souples. Sans doute inspiré par le Cnit (Centre des nouvelles industries et technologies) à La Défense, l’architecte conçoit un bâtiment en pétales avec de larges surfaces vitrées faisant penser à des vitraux de cathédrale. Désaffectée en 2013, la chaufferie est inscrite trois ans plus tard aux monuments historiques. «Depuis, plus rien», résume Bruno Piriou, le maire divers gauche de la commune. Avec Oumar Dramé, son adjoint à la Rénovation urbaine, qui a grandi aux Tarterêts, Piriou rêve à voix haute. On pourrait en faire un équipement culturel, ce qui fait cruellement défaut dans le quartier depuis l’incendie de la médiathèque en 2014. Ou un tiers lieu qui, à l’image du Lieu unique à Nantes ou de la Belle de mai à Marseille, aurait le pouvoir de changer l’image du quartier, abonné à la rubrique fait divers. Mais avec quel