Il aura tenu autant qu’il a pu. Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), est depuis longtemps menacé par des opposants au projet d’installation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile de la ville. Et fin mars, il a été la victime d’un incendie volontaire, qui a également détruit deux de ses voitures. La réponse des autorités ? Rien. Nada. Zéro. Alors il a jeté l’éponge.
«Ce mardi 9 mai, j’ai adressé à Monsieur le préfet de Loire-Atlantique un courrier informant ce dernier de mon souhait de démissionner de mon mandat de maire de Saint-Brevin-les-Pins», a écrit mercredi Yannick Morez (DVD) sur la page Facebook de la commune, confirmant une information du site internet de Ouest-France. «J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l’Etat, et après une longue réflexion menée avec ma famille», explique Yannick Morez. «J’ai toute confiance en mon équipe, une équipe compétente […] qui continuera à agir au service de notre ville et de ses habitants. Après 15 ans de présence dans le Conseil municipal, dont 6 ans en tant que maire, je pars en étant confiant dans l’avenir», a conclu le maire démissionnaire.
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Depuis l’annonce du projet d’installation d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile, la commune est devenue la cible de la fachosphère. Manifestations d’extrême droite, puis contre-manifestation antifasciste, se sont succédé depuis le début de l’année jusqu’au 29 avril dernier. Les pressions ont escaladé jusqu’à l’incendie de la maison de l’édile. Les faits se sont déroulés le 22 mars, aux alentours de 5 heures du matin. Yannick Morez et son épouse, qui dormaient, ont été réveillés par des passants, trois salariés d’Airbus se rendant au travail, selon le parquet de Saint-Nazaire. Les flammes ont d’abord pris sur un des véhicules garé devant chez eux, puis ont brûlé un autre véhicule, stationné à côté, avant de se propager à la façade de la maison. L’élu a tenté, en vain, de circonscrire l’incendie avec un extincteur.
Reconquête en tête du mouvement
Plusieurs manifestations contre le projet de déplacer près d’une école élémentaire le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) qui avait ouvert dans la station balnéaire en 2016 après le démantèlement de la «jungle de Calais» ont été organisées à l’appel de l’extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour. Bernard Germain, un candidat de Reconquête aux législatives de 2022 dans les Côtes d’Armor, figurait parmi les intervenants de la dernière manifestation en date, fin avril.
Bernard Germain était le porte-parole d’un comité hostile à un projet de centre d’accueil pour réfugiés en situation régulière à Callac (Côtes d’Armor). Face aux pressions de l’extrême droite et aux tensions dans la commune, la municipalité de Callac avait finalement renoncé en janvier à ce projet, porté par une fondation privée, contrairement à Saint-Brevin où le projet contesté est porté par l’Etat. Interrogé fin mars, le maire de Saint-Brevin avait rappelé que 400 demandeurs d’asile ont été au total accueillis sur la commune depuis l’ouverture du Cada il y a sept ans. Et, soulignait-il, «il n’y a jamais eu le moindre souci».