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Libération
Hausse de 52%

Taxe foncière : Dati accuse Hidalgo de «braquer» les Parisiens à l’arme fiscale

Ce mardi, l’ex-garde des Sceaux et maire du VIIe arrondissement, a une nouvelle fois critiqué la maire socialiste à l’occasion de l’adoption de l’augmentation de la taxe foncière.
Rachida Dati au Conseil de Paris le 2 février 2021. (Cyril Bitton/Divergence)
publié le 15 novembre 2022 à 20h21

Nouvelle passe d’armes ce mardi au Conseil de Paris entre Anne Hidalgo et Rachida Dati, façon clash entre Booba et Kaaris. Le sujet ? La hausse de 52 % de la taxe foncière annoncée il y a une semaine par la maire socialiste de Paris, adoptée ce jour dans le cadre du débat d’orientation budgétaire (DOB). Une hausse qui a scandalisé la présidente du groupe Changer Paris. Lundi dernier, Rachida Dati accusait la socialiste de «saigner les Parisiens», et en particulier les propriétaires, qui représentent un tiers des 2 millions d’habitants de la capitale : «Nous refusons d’être les complices des braquages de Parisiens que vous allez encore commettre», a lancé cette fois la maire du VIIe arrondissement face à une édile impassible, au sourire néanmoins crispé. «Vous avez bien raison, souriez, car ce sont les Parisiens qui vont payer», a encore taclé la candidate malheureuse de la droite aux municipales. Rachida Dati a ensuite quitté théâtralement l’hémicycle, suivie par les membres de son groupe. Auparavant, l’ancienne garde des Sceaux avait fustigé la «trahison» de la maire, qui avait promis de ne pas augmenter les impôts locaux lorsqu’elle s’était représentée aux suffrages des électeurs en 2020, engagement qu’elle avait réitéré récemment.

Facture énergétique

«Je ne pourrai pas tenir cet engagement», a reconnu la maire en séance, appelant les propriétaires parisiens à la «solidarité» pour lui permettre «de maintenir un service public de qualité». La guerre contre l’Ukraine est passée par là, faisant flamber la facture énergétique des collectivités locales. «Ce qui signifie, pour Paris, plus de 100 millions d’euros par rapport à 2021. Soit une dépense totale de 170 millions d’euros sur le budget 2023», a rappelé Anne Hidalgo. Face à l’opposition, qui crie à la faillite et demande la mise sous tutelle de la ville, la maire a vanté une «situation financière saine attestée par plusieurs agences de notation», un «patrimoine immobilier qui, depuis 2001, est passé de 14 milliards d’euros à 40 milliards d’euros» et des indicateurs économiques dans le vert, après le trou d’air de la crise sanitaire qui avait privé la ville d’importantes recettes, notamment liées au tourisme. Sur ce sujet, elle s’est félicitée de «la dynamique de reprise observée depuis le printemps», Paris ayant «retrouvé, dès le mois de mai, des taux d’occupation comparables à ceux de 2019».

Investissement sur la transition écologique

L’opposition devrait être satisfaite : la hausse de la taxe foncière, qui devrait rapporter environ 580 millions d’euros supplémentaires dès 2023, va aussi permettre à la maire d’établir un plan d’investissement pour la deuxième partie de sa mandature, comme le lui réclamaient ses alliés écologistes et le groupe Changer Paris. Anne Hidalgo a annoncé son intention d’investir «1,7 milliard en 2023 en grande partie sur la transition écologique». Autre objectif phare dévoilé à mi-mandat : 40 % de logements «publics» (sociaux et intermédiaires) d’ici 2035. Paris, qui ne comptait que 13 % de logements sociaux en 2001, a presque atteint le ratio de 25 % fixé par la loi SRU, avec un taux de 24,7 %. «Pour autant, le besoin de logements à prix abordable reste immense face aux prix exorbitants de l’immobilier, relevait récemment l’adjoint au logement, Ian Brossat, dans le Journal du dimanche. La question est : voulons-nous une ville réservée à ceux qui peuvent se la payer ou une ville où peuvent aussi vivre ceux qui la font tourner ?»