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Libération
Le billet de Sabrina Champenois

Téléphone : puisse l’amende pour haut-parleur faire office de piqûre de rappel

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Dans la gare de Nantes, un voyageur a écopé d’une douloureuse à 150 euros. Disproportionné ? Possible, mais l’usage s’est tellement répandu qu’y mettre un coup de frein n’est pas de refus.
Série «Respire» – connexions multiples, rapidité, instabilité : le métro comme une allégorie de notre vie moderne – de Laure Boyer. Paris, 2015. (Laure Boyer/Hans Lucas. AFP)
publié le 13 février 2025 à 12h32

L’habitus est désormais si répandu qu’on pourrait tenir journal de bord dédié, anecdotes quotidiennes à l’appui. Parmi les perles, on choisira la suivante, vécue courant novembre dans un TER qui nous menait en Bourgogne. Un type s’installe à quelques sièges de nous et se met à échanger avec une femme, sur du boulot. On sait qu’il s’agit d’une femme et de boulot parce qu’il a actionné son haut-parleur. Et patatati, et patatata, on laisse passer cinq minutes et puis on l’avise : «Monsieur, pardon, mais j’entends tout…» Lui : «Ah mais ça ne me gêne pas !» Sidération de notre côté, et puis : «Euh, mais moi, si…» Lui : «Connasse !» Et, à l’attention de son interlocutrice : «Il y a une connasse qui veut que j’arrête la conversation.» Moi : «Non, je veux juste que vous ne mettiez pas le haut-parleur.» Lui : «Connasse !» Bon ben «connard !» alors. Et nous de passer le reste du voyage à ruminer sur la beauté des interactions dans l’espace commun.

Partant, c’est avec une certaine jubilation qu’on apprend que, le 2 février à Nantes, un voyageur a écopé d’une amende de 150 euros, infligée par des agents de la Suge (Surveillance générale de la SNCF), sanction infligée au titre de l’article R2241-18 du code des transports qui prévoit que, «dans les espaces et véhicules affectés au trans