«Il est impératif de se diriger vers un partage plus équitable de nos rues, trop souvent devenues des routes, au profit de mobilités douces.» Le maire vert de Bordeaux, Pierre Hurmic, a annoncé ce mercredi que la vitesse maximale autorisée sera limitée à 30 km/h dans toute la ville, dès janvier 2022. A l’exception de quelques grands axes, parmi lesquels les boulevards ou les quais de la Garonne, qui resteront, eux, à 50 km/h.
L’écologiste, qui a d’emblée parlé d’un été «marqué par des blessures climatiques», veut «placer Bordeaux sur la voie d’un renouveau profond». Pour défendre cette limitation, la municipalité met en avant ses bénéfices : «une baisse drastique du nombre d’accidents graves et mortels», «une réduction du bruit», «une diminution du nombre de voitures en circulation» et, mot d’ordre du plan d’action annoncé, des «quartiers apaisés». «Rouler plus doucement ne fait pas perdre du temps. Je rappelle au passage que la vitesse moyenne d’une voiture en ville est de 14 km/h, et 15 km/h pour le vélo», a complété l’élu.
«Santé publique et lien social»
Pour accompagner ces nouvelles zones 30, la mairie de Bordeaux a détaillé la création «d’aménagements apaisés» d’ici la fin du mandat. Au programme de cette nouvelle feuille de route : l’instauration de priorités à droite systématique, le rétrécissement des voies, la suppression des feux ou encore l’élargissement des pistes cyclables.
«Pour répondre à l’urgence climatique et rendre la ville plus sûre, plus conviviale, plus attractive, nous devons faire évoluer les comportements. C’est un enjeu de santé publique et de lien social», assume Pierre Hurmic, anticipant les critiques qui visent déjà son homologue à Paris, Anne Hidalgo.
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Plus de deux semaines après l’entrée en vigueur des 30 km/h dans la capitale, la mesure passe difficilement auprès de plusieurs associations d’automobilistes qui ont même déposé un recours devant le tribunal administratif pour en demander l’annulation. La municipalité bordelaise assure quant à elle être «confiante». Elle s’appuie notamment sur un sondage Ifop, publié en février, selon lequel 68% des Bordelais se disent favorables à cette limitation.
Coup de pédale supplémentaire, la ville prévoit aussi de tripler le nombre de couloirs bus-vélos d’ici 2026 (35 km) et de déployer le maillage de pistes cyclables (28 km). «La plupart des quartiers bordelais se situent à moins de 4 km de l’Hôtel de ville», rappelle le maire. Bordeaux ambitionne également d’agrandir sa zone piétonne en centre-ville, avec une superficie qui devrait passer de 40 à 65 hectares d’ici 2023. La ville deviendrait ainsi, selon la mairie de Bordeaux, «l’un des plus grands espaces piétonniers de France».
Lyon lève aussi le pied
La veille, Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon, a aussi annoncé la généralisation de la limitation de vitesse à 30 km/h au printemps 2022. Même si, là encore, certains grands axes resteront à 50 km/h. Une mesure qui figurait au programme du candidat vert élu en mars 2020, visant à «apaiser la ville et notamment» à «réduire l’accidentologie». La lutte contre le bruit lié à la circulation est aussi un des objectifs affichés.
«Dans les grandes capitales européennes, à Bruxelles, en Espagne ou aux Pays-Bas, qui sont déjà passées en “ville 30”», a été constatée une baisse de «40% d’accident de la route en ville», a insisté Grégory Doucet.