Derrière les rideaux bleus de l’isoloir, Sabrina, que ses pieds trahissent, trépigne d’excitation. Elle était la première de ses collègues, travailleurs de l’Etablissement et service d’accompagnement par le travail (Esat) les Courlis, à aller voter ce lundi 13 mai dans le bureau de vote fictif de Chatou (Yvelines). Electrice régulière – en témoigne sa carte électorale emplie de tampons depuis 2019 –, elle votait aujourd’hui pour «de faux». «Pour rire», selon Véronique Fabien-Soulé, adjointe à la mairie de Chatou, déléguée, entre autres, au handicap et à l’inclusion.
Reportage
Sabrina, elle, ne rigole pas. «Moi, je suis française. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas voter, s’indigne-t-elle en montrant sa carte d’identité. Les personnes handicapées sont toujours oubliées. Alors quand je vote, je regarde ce qui est proposé pour nous.» Et pour cause, c’est seulement depuis une loi de 2019 que les personnes placées sous tutelle, dont des personnes en situation de déficience mentale, ont l’autorisation de voter. Après des années à lutter contre cette injustice, les associations d’accompagnement de personnes en situation de handicap ont obtenu qu’un jugement de placement sous tutelle ne puisse plus entraîner un retrait du droit de vote.
Antoine, 32 ans, partage le constat de Sabrina. Après avoir travaillé plusieurs années dans une usine, il s’est heurté au manque d’accompagnement de ses employeurs face à son handicap mental. «Invisible», tient-il à préci