On aborde la soixantième minute du match, les 14.000 spectateurs du
stade Léo-Lagrange de Besançon miment les olas des grands jours et les gamins des écoles poussent des cris d'Indiens. La touche vient d'être captée par les Français, Olivier Roumat sonne la charge, provoque un regroupement. Guy Accoceberry délivre le ballon d'une passe sèche et Yann Delaigue se décale d'un pas pour servir au ras Philippe Sella, qui transperce d'une grande course sinueuse la défense canadienne. Il lève la tête, devine Sadourny dans son dos, percute l'ultime défenseur et offre l'essai à l'arrière de Colomiers.
Sept minutes plus tard, Sella encore, dans le sillage des avants lancés dans l'axe profond, s'encastre dans la défense rouge et passe tête et bras pour servir Benetton revenu à sa hauteur. A la dernière minute du match, Accoceberry, qui hérite d'une pénalité sous les poteaux canadiens, libère très vite sa balle sur la gauche vers Delaigue et Saint-André; surgi d'une demi-pénombre, c'est Sella, bizarrement en position d'ailier, qui marque. Avec un clin d'oeil d'artiste offert aux gosses massés derrière l'en-but. C'était son trentième essai international, sans doute le plus facile de tous, mais qui clôturait à merveille cette rencontre, remportée 28-9 par les Français et au cours de laquelle Sella s'est offert un retour sur scène en fanfare. De quoi annoncer la couleur pour la saison qui s'amorce. «Je suis encore loin du top physiquement mais mentalement tout va très bien», rigole-t-il. Les