- GUY DELAGE entend traverser l'Atlantique, des îles du Cap-Vert aux Antilles, en nageant neuf à dix heures par jour pendant trois mois. Il déclare vouloir faire l'expérience de la douleur.
D'Aboville, parcourant le Pacifique à la rame, explique: «Mon seul public, c'est moi. C'est pour moi que je pars, je suis mon seul spectateur, le seul dont l'opinion compte vraiment, car nul autre que moi ne connaîtra le prix de la victoire.» Jean-Louis Etienne s'élance en ski vers le pôle Nord, à huit cents kilomètres de là, en tirant son traîneau. Le début de l'épreuve est terrible, à cause du froid, des difficultés du terrain. Paradoxe de ces affrontements à la nature, avec leur formidable organisation, l'affinement des technologies au service de l'individu, alors que l'exploit semble tenir dans le seul schéma de l'«homme seul devant la nature».
Guy Delage emporte des palmes, spécialement mises au point par un fabricant de chaussures de ski, un masque de plongée à visée panoramique, trois combinaisons conçues pour libérer le trop-plein de calories. Son radeau, également fabriqué en vue de l'entreprise, contient balise de détresse, pistolet contre les requins, nourritures lyophilisées, radio, ordinateur, désalinisateur, panneau solaire. Son corps est couvert de capteurs, et sur le continent, une cellule médicale analyse les données transmises par satellites . Le bateau de d'Aboville est fait de matériaux de pointe, embarqué dans les soutes d'un avion pour le Japon. Jean-Louis Etienne, plu