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Interview

Keith Wood . «Un talonneur doit courir comme un troisième ligne»

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publié le 21 janvier 1995 à 0h04

KEITH WOOD, talonneur de l'équipe d'Irlande

«Un talonneur doit courir comme un troisième ligne»

Flinnstown House, envoyée spéciale - Quand on n'est qu'un jeune chiot qui aime cavaler avec une chaussette en narguant son maître d'un oeil malin, peut-on vraiment réaliser qu'on sera un jour ce pitbull à la lippe suturée, aux canines en râteau et aux oreilles buboniques? C'est pourtant ce qui attend l'Irlandais Keith Wood cet après-midi à Lansdowne Road, lorsqu'il va se retrouver les yeux dans les yeux avec son adversaire Brian Moore, un des plus effrayants talonneurs du rugby.

Pardon à Moore, mais il aime faire peur et ce sont ses propres amis anglais qui l'appellent le pitbull. Et pardon à Keith Wood, qui espérait peut-être garder son innocence au-delà des 23 ans qu'il fêtera la semaine prochaine. Mais en fait il s'en fout, il savait bien tout ça, le jeunot de Limerick.

«J'adore la confrontation, la bataille.» D'abord parce que son père Gordon est passé par là, élu British Lion et 29 fois pilier du XV d'Irlande dans les années 50. Ensuite parce que ça fait six ans que, à cause de ses 101 kg pour 1,83 m, on l'a fait passer de demi de mêlée voltigeur à la première ligne. Enfin, et surtout, parce qu'il aime ça: être enfermé dans ces mêlées obscures, les cous moites de sueur emboîtés jusqu'à se rompre, la joue abrasée contre le poil ras de l'adversaire, les souffles mêlés dans les relents de terre fraîche. «J'adore la confrontation, la bataille, je ne pourrais plus changer.» Et quand