Londres, envoyé spécial
Tueurs de rêve, étouffeurs d'espace, écoeurants de puissance, de cohésion, de maîtrise, frôlant les sommets d'un jeu d'avants qui renvoyait par bribes à quelques grands ancêtres néo-zélandais, les Anglais, samedi, dans la lumière printanière de leur temple rénové, ont nettement dominé l'équipe de France. La marée était bien blanche, dix fois brisée sur une défense énorme, émouvante, dix fois renaissante, inexorable. Hors d'atteinte.
Les avants anglais prêts à tordre l'adversaire Dès les premiers regroupements, dans cette précision horlogère de progressions dans l'axe, dans cette force pure dégagée par la mêlée anglaise où le pilier Nigérian Obugu, puis Dean Richards, ou Rodber, ou Bayfield, ou Clarke, interchangeables dans la furie, crachaient le feu à tour de rôle, on sut que les Bleus allaient tanguer. Ce paquet d'avants-là, masse souple et mobile toujours resserrée au moment-clé, toujours prête à imploser puis à tordre son adversaire, avait quelque chose d'inquiétant, d'intouchable. Pendant vingt minutes, dans les échos de Sweet Charriot ou la clameur sourde d'un public captivé, les joueurs à la Rose ont dû pourtant ferrailler ferme pour entamer le réseau défensif français. Il y avait chez les Bleus le désir immense de desserrer l'étau, de repousser ce monstre, de le déstabiliser, pour retrouver enfin un peu d'espace, un brin de souffle, un soupçon de liberté dans le champ vert.
Alors, ils plaquent, tous, petits et grands, à tour de bras, et replaquen