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Portrait

GUY DELAGE. Les dérives du palmeur

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Obsédé par l'Atlantique, il a effectué quelques tentatives à contre-courant. Avant de flairer le sens du vent.
publié le 10 février 1995 à 1h16

GUY DELAGE EST NÉ COMME ÇA. Il a quatre ans quand, bouée dégonflée au large d'une plage d'Oléron, il regagne d'instinct la plage, 18 ans quand il traverse la Manche à la nage pour embrasser sa belle. On ne sait pas s'il avait déjà tenu compte des courants pour mener à bien son escapade. Maître nageur dans la Royale, il souffre vite de palmer pour des prunes et, dans les années 70, commence à flirter avec le sport-business. Le besoin de reconnaissance. Déjà.

Dans la première Route du Rhum en 1978, il se classe premier chez les douze mètres et continue un temps d'aligner les transats, New York-Brest, La Rochelle-La Nouvelle Orléans. Il a du mal à se faire admettre chez les coureurs au large et commence à prendre les chemins de traverse. Pour la Route du Rhum 1982, il prend tout le monde à contre-courant en s'alignant au départ avec un prao, fin esquif doté d'un flotteur. Dans le port de Saint-Malo, son bateau se replie comme une vulgaire chaise longue et le Champenois vit mal les rires sous cape que suscite ses choix. Quatre ans plus tard, toujours sur un prao, Guy Delage connaît un nouvel échec avec un dématage dans le petit temps. Vexé, blessé dans son amour-propre, il ne reviendra plus jamais se frotter aux vrais marins peu enclin à l'exhibitionnisme.

Mais il a toujours l'Atlantique dans la tête, incomparable terrain de manoeuvre pour frustré en quête d'exploits. Cette fois c'est en ULM qu'il quitte l'archipel du Cap-Vert avant d'atterrir après 27 heures de vol sur l'île brés