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Libération
Reportage

Le conte des quinze Eléphants

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publié le 11 février 1995 à 1h14

Le conte des quinze Eléphants

Qualifiés pour la Coupe du monde, les Eléphants de Côte-d'Ivoire se savent pionniers d'un rugby noir marginalisé. Pour les exilés du championnat français, porter «le maillot ivoirien en Afrique du Sud est totalement irréel».

Abidjan, envoyé spécial - DANS LA CHALEUR MOITE, sous un ciel lourd qui ne se déchirera pas, les joueurs de la sélection ivoirienne trottinent sur la pelouse presque verte de la cité universitaire des métiers de l'électricité de Bingerville, à vingt kilomètres d'Abidjan. En toile de fond, au-delà d'un rideau de palmiers effilés, sur la lagune irisée par l'harmattan, un piroguier pêche avec des gestes ralentis. Pour la première fois depuis leur qualification surprise à la Coupe du monde (acquise lors d'un tournoi à Casablanca en juin dernier), les rugbymen ivoiriens, dont une vingtaine d'exilés dans le championnat français, se retrouvent sur leurs terres, tout étonnés du conte de fées qui se dessine. Ce matin, sous le regard attentif de Dominique Davanier, le directeur technique national qui a quitté Cahors il y a un an et demi pour découvrir l'Afrique, les joueurs s'ébrouent avec précaution, se découvrent en douceur. Ils se savent investis d'une mission, pionniers d'un rugby noir marginalisé, encore balbutiant, dont ils seront l'unique porte-drapeau en Afrique du Sud, et imaginent déjà leur rencontre avec Nelson Mandela sous les caméras du monde entier. Ils ont conscience de leurs lacunes, de leurs limites, et ont déjà évacu