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Libération
Reportage

A Belgrade, l'Etoile rouge fête ses cinquante ans en quarantaine

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publié le 6 mars 1995 à 2h09

Mai 1991, Belgrade remporte, pour la Yougsolavie, la Coupe des

champions contre l'OM. Mai 1992, les sanctions de l'ONU excluent le club, désormais serbe, des compétitions européennes. Mars 1995, l'équipe phare d'un foot condamné à l'autarcie célèbre son cinquantième anniversaire en soufflant sur les braises d'une passion entretenue à coups d'expédients.

Belgrade, envoyé spécial De retour au stade de l'Etoile rouge de Belgrade, là-haut sur la butte, rien ne semble avoir changé après trois années de guerre. Sinon un petit palais, couvert de coupoles de cuivre, de l'autre côté de la rue, qui longe le parking privé. C'est le «chez-soi» d'Arkam, ancien patron de l'association des supporters aux derniers beaux jours de l'équipe, puis chef de la milice des Tigres, à l'époque la plus sanglante de la guerre.

De tout temps, le club s'est vanté d'être ouvert à tout vent et il est vrai que fans du quartier, supporters d'outre-Atlantique, touristes et délégations étrangères peuvent s'asseoir dans les profonds fauteuils de cuir du salon d'honneur sans montrer patte blanche. Ce matin, une bande d'immenses gaillards, empâtés, joviaux, vêtus chic et choc, comme peuvent l'être d'anciens joueurs yougoslaves, se sont donné rendez-vous pour regarder ensemble la retransmission d'un match de l'équipe à Hong-kong. Autour d'une table basse, des hommes d'affaires grecs parlent avec des collègues locaux. Plus loin, on reconnaît Arkam, venu en voisin, qui bavarde avec des copains. Un peu à l'écart, les c