- UNE ENFILADE de tapis étouffent le pas du visiteur. Deux voûtes serties de vitraux multicolores filtrent une lumière douce le long des allées bordées d'étagères où des statuettes en bronze du début du siècle voisinent avec d'indéfinissables «machins» postmodernes en inox. L'endroit, décoré d'immenses photos défraîchies, évoque un musée du souvenir où s'entassent 3.000 reliques à la gloire de la Sociedade Esportiva Palmeiras, ce club omnisports de São Paulo qui a remporté en décembre son deuxième titre consécutif de champion du Brésil de football.
«On a tout refait à neuf après le saccage des vandales de Mancha Verde (Tâche verte)», commente Affonso Della Monica, le vice-président du club qui reste l'un des plus prestigieux du Brésil. Ce commissaire de police à la retraite fait allusion, les lèvres pincées, au raid vengeur perpétré en pleine nuit, il y a quatre ans, par la plus fanatique des torcidas (clubs de supporters) du Palmeiras. Exaspérés par l'élimination de leur équipe du championnat pauliste, des enragés s'étaient défoulés en dévastant la vitrine d'une tradition victorieuse qui semblait appartenir définitivement au passé.
Entre 1976 et 1993, le club, fondé en août 1914 par la colonie italienne de São Paulo, a en effet traversé son désert. Pas un seul titre de gloire glané en près de vingt ans: ce jeûne interminable avait fini par susciter un vent de révolte parmi les adorateurs du «porc» (l'un des emblèmes du Palmeiras). Alors, la récente et fastueuse salle des tr