Il y a comme ça des rendez-vous ratés, des jours sans, vides de
sens, mal engagés, où, sans hésiter, on eût préféré être ailleurs. Très loin de là. C'est ce qu'a forcément pensé Bernard Lapasset, président de la FFR, qui vient de vivre une fin de semaine à mettre les nerfs en pelote au plus placide des dirigeants sportifs de l'Hexagone. Alors qu'il allait être réélu sans coup férir à la tête d'une fédération rompue il y a peu aux conflits balkaniques, le président, qui avait mitonné un imparable vote bloqué, s'est d'abord fait souffler sa victoire anticipée. Un toubib auvergnat, Daniel Ferragu, unique opposant au sein de la fédération et procédurier retors, a fait capoter le plébiscite. Les statuts de la fédération interdisaient bien une élection avant la Coupe du monde: c'est en tout cas ce qu'a indiqué le tribunal de grande instance de Paris. Premier coup dur. Pour se remettre, le président décidait alors de sauter dans l'avion qui emmenait le XV de France à Bucarest.
Ce match contre les Roumains, dernière escapade avant l'Afrique du Sud, s'annonçait comme une promenade de santé, un de ces galops d'essai qui, à peu de frais, vous redonnent le goût du miel. Les Roumains étaient restés sur trois défaites cinglantes face aux Gallois, aux Italiens et aux Anglais (un peu plus de cinquante points encaissés ce jour-là) et ne cessaient d'annoncer pire encore. Désemparé depuis la chute de l'ancien régime, qui, par le biais de son armée, l'avait couvé avec soin, le rugby des Carpates