San Diego, envoyé spécial
Tête penchée sur le côté, regard caché derrière des lunettes de soleil aux formes bizarroïdes, Rod Davis observe l'équipage se battre sur la plage avant de One Australia dans un bazar indescriptible de voiles en lambeaux. Sans lâcher la barre qu'il tient du bout des doigts, il ne peut réprimer la grimace qui exprime clairement sa pensée: «Cette fois, c'est foutu.» Le spi qui s'était un peu déchiré lors du dernier empannage n'a pas mis longtemps à s'ouvrir en deux. La voile similaire qui l'a immédiatement remplacé est elle aussi montée avec un accroc pour exploser moins d'une minute plus tard en deux immenses et grotesques drapeaux. Pour le barreur de One Australia, natif de San Diego, néozélandais d'adoption mais australien de circonstance, la pilule est amère. A ce stade de la compétition, son expérience de six Coupes de l'America agrémentées d'une médaille d'or en Soling lui permet de savoir que deux spis déchirés coup sur coup sont les signes avant-coureurs d'une lourde défaite. Plus grave: Team New Zealand était déjà hors de portée. John Bertrand, skipper de One Australia, habituellement si réservé, résumera cette première régate de la finale des challengers en quelques mots: «Une journée de merde!»
Cette défaite récompense bien mal les énormes efforts déployés depuis dix jours par les Australiens. Dominés en vitesse lors des demi-finales, ils ont remué ciel et terre pour prendre le départ de l'ultime combat contre les Kiwis aux commandes d'un b