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BOC challenge: la méthode à «Guinguin»

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publié le 29 avril 1995 à 2h36

BOC challenge: la méthode à «Guinguin»

Première nuit... ça y est, il a commencé à lâcher la pression. La côte est proche, quelques cargos, quelques pêcheurs rôdaillent encore, il faut garder un oeil ouvert, mais, de toute façon, il n'a pas sommeil. Bientôt il aura ses jours et ses nuits, s'il veut, pour dormir. Alors, cette nuit, il savoure enfin cette deuxième victoire dans le BOC Challenge. Jusqu'au bout, le vieux fond de superstition des marins lui a fait refouler ses pensées de victoire. Même avec quatre ou cinq jours d'avance, il a retenu son souffle, car, comme nous tous, il sait que parfois la mer a ses raisons... Enfin, voilà Charleston, ses eaux brunes, les bouées du chenal... Bien sûr, il est heureux, mais aussi groggy et las, vieux de 27.000 milles d'océan solitaire. Sa mémoire aussi met sac à terre. La veille des icebergs, les colères de l'océan Indien, les galères de la première étape ne sont plus que des péripéties, des relents d'épreuve initiatique. La terre, ainsi, répand sa brume de pudeur sur un affrontement sans concession. Pour le moment, hilare, un peu sonné, il se laisse aller à ses proches, au bonheur de ne rien décider d'autre que la cuisson du steak ou la couleur du vin. Pour la deuxième fois consécutive, la «méthode à Guinguin» a payé. Ne cherchez pas dans les manuels, n'essayez surtout pas de l'imiter. Christophe est de ceux qui agissent mieux sous la pression. Bateaux construits au dernier moment, skipper en vacances à trois jours du départ, équip