La Mecque de Zion Tout en haut de la colline, la gigantesque étoile blanche peinte à même le sol se voit à des kilomètres. Un chemin de terre se faufile à sa base jusqu'à une arche sur laquelle une inscription souhaite en anglais, sotho et afrikaans «une pacifique bienvenue à Moria City», la mecque de la plus importante église du sous-continent. Faute d'être un adepte, on n'entre pas. Le révérend Barnabas Lekganyane, petit-fils de l'archevêque fondateur, ne reçoit pas les journalistes et ne recherche pas la pub. Singulier mélange de foi chrétienne, de syncrétisme africain et de conservatisme social, l'Eglise de Zion est aussi la plus mystérieuse.
Durant le week-end de Pâques, confluant par cortèges de tout le pays, les pèlerins remontent vers l'étoile. Cette année encore, ils étaient plus de 1 million d'hommes et de femmes drapés dans leurs costumes kaki, la même étoile épinglée sur leurs poitrails. Pendant deux jours, la vallée résonne de leurs chants, de leurs transes et de leurs prières. A l'écart, des hommes piétinent avec force le sol, comme pour exterminer la vermine. Ou des démons. Plus loin, une groupe de malades a les jambes picorées d'épingles pour extraire le mauvais esprit qui infecte leur sang. Ou bien s'aspergent d'eau sacrée que répandent de leurs mains zélées les prophètes de l'Eglise. L'apparition de Barnabas Legkanyane est le point d'orgue de ce week-end d'exorcisme et d'adoration. Agé de 40 ans, l'homme n'a toutefois pas le charisme de son arrière-grand-p