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Capitale contestée

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publié le 22 juin 1995 à 6h03

Capitale contestée

On aime loyalement Pretoria ou on l'exècre. Souvent pour les mêmes raisons: la part d'Afrique du Sud qu'elle incarne. A coup de spots publicitaires, les administrateurs de la capitale ont beau faire pour lui redonner une virginité, ils ne parviennent que difficilement à faire oublier son passé chargé. Destination finale de la majeure partie des «Trekkers» ­les pionniers boers partis du Cap en quête d'une terre promise­, Pretoria fut pendant un demi-siècle le centre névralgique de l'oppression blanche. Magnanime, Nelson Mandela a fait un geste en faveur de la ville, en y organisant l'an dernier sa cérémonie d'investiture.

Au printemps aves ses 66.000 jacarandas en fleur, la ville recouverte d'un voile violet perd de son aspect rustre et insipide de cité purement administrative. Mais en surplomb, la colline pelée, surmontée du massif monument en hommage aux Trekkers garde, lui, quel que soit le temps, son austérité. Expression démesurée du nationalisme afrikaner, il est devenu au fil des ans le lieu de rassemblement de l'extrême droite. La vieille place de l'Eglise a aussi souvent accueilli les parades à cheval d'Eugène Terre-Blanche, le dirigeant du mouvement néo-nazi AWB et de sa garde de fer. A quelques rues de là, l'un de ses affidés, Barend Strydom avait, il y a quelques années, abattu 22 Noirs en moins d'une demi-heure.

Puis l'an dernier, le pays et Pretoria ont changé d'histoire. Mais pas sans une certaine continuité voulue par Nelson Mandela. Sans états